Une bourse de vieillesse plutôt qu'une pension de retraite! La situation professionnelle, sociale et sécuritaire des taximen mérite une attention particulière de la part des ministères concernés. C'est du moins sur quoi s'entendent un bon nombre de chauffeurs de taxis réunis mercredi dernier à l'occasion d'un sit-in au pied du siège de la municipalité de Tunis, à la Kasbah pour d'autres raisons déjà développées sur nos pages. Outre les protestations contre l'augmentation des taxes sur le stationnement, les chauffeurs de taxis ont profité de l'occasion pour débattre, entre eux, des conditions de travail qu'ils trouvent non sécurisées mais aussi des dispositifs toujours en décalage par rapport aux exigences du métier. Réussissant un tant soit peu à s'adapter aux conditions inappropriées tout en se préoccupant déjà pour une retraite qui s'annonce inconfortable car fondée sur une pension rudimentaire, les chauffeurs de taxis s'inquiètent déjà quant à l'éventuelle augmentation du prix des combustibles, prévue probablement pour le 1er février. Pour M. Ridha Riahi, un chauffeur de taxi actif depuis 25 ans, l'augmentation du prix des combustibles engendrerait plus de problèmes que d'avantages tant pour les taxistes que pour le citoyen. «Les chauffeurs de taxi seront ainsi dans l'obligation d'augmenter le coût des courses ce qui ne conviendrait point aux clients dont le pouvoir d'achat a déjà connu une baisse notable», explique M. Riahi. Un avis partagé par un autre chauffeur de taxi qui suppose que, dans ce cas, les taxistes ne parviendront plus à joindre les deux bouts puisqu'ils seront contraints à consacrer leurs bénéfices pour s'approvisionner en combustibles. Le problème de la cherté des combustibles figure sur la liste triptyque des points qui préoccupent les taximen. Il faut dire qu'outre le prix et la nature même des combustibles, deux autres problèmes préoccupent les chauffeurs de taxi et gangrènent leur métier: les assurances et la sécurité sociale. «Nous avons entamé les négociations avec la partie concernée, à savoir le ministère du Transport, pour discuter sur ces trois point capitaux dans notre métier», indique M. Mourad Hbibi, trésorier adjoint à la Chambre syndicale régionale des chauffeurs de taxi de Tunis. En effet, évoquant la nature des combustibles disponibles sur le marché, le responsable syndicaliste souligne que la plupart des voitures converties en taxis nécessitent un combustible coûteux, ce qui ne convient point au budget des taxistes. D'autant plus que le prix des véhicules est bien salé en comparaison avec le pouvoir d'achat des Tunisiens et encore moins celui d'un chauffeur de taxi pour qui la voiture représente non pas un luxe mais un gagne-pain. Par ailleurs, et en ce qui concerne le volet des assurances, les chauffeurs de taxi mettent le doigt sur la contraignante assurance tout-risque connue par le coût le plus élevé en matière d'assurances; «Pour un chauffeur de taxi, l'assurance tout risque est une véritable obligation, notamment durant les trois premières années. En revanche, lorsqu'il est question de rembourser les taxistes, l'argent met du temps à venir», explique M. Hbibi. Et d'ajouter que le coût de cette assurance va crescendo après chaque accident. D'un autre côté, et après une carrière consistante dans un métier fort sollicité au quotidien; un métier où la concentration et le stress sont la devise, et après des retenues sociales ponctuelles, à raison de 126DT par trimestre, le parcours de la vie active d'un chauffeur de taxi ne finit pas en beauté: à 65 ans, les taxistes ne reçoivent pas plus de 120DT comme pension de retraite. «La qualifier de pension de retraite relève de l'exagération. C'est plutôt une pension de vieillesse à laquelle sont voués les taxistes», indique M. Hbibi. Ces points fondamentaux de la vie d'un taxiste continuent de l'intriguer et de préoccuper le syndicat. Les éventuelles négociations avec le ministère du Transport permettraient, peut-être, de les résoudre et de se pencher d'une manière sérieuse sur les phénomènes qui menacent ce métier dont les taxis clandestins.