El Teatro ne tarit pas d'idées originales pour nous offrir de nouveaux concepts de créations théâtrales. A partir de ce soir et durant trois jours, on nous présente trois créations en une seule soirée, une production de Marseille capitale culturelle 2013, montée par le théâtre La friche Belle de Mai de Marseille, le théâtre Shems du Liban, El Hara de Palestine et, bien entendu, El Teatro. Ce projet, dont l'avant-première mondiale aura lieu ce soir à 18h00 à El Teatro, a pour objectif d'enrichir la scène arabe et euro-méditerranéenne de nouvelles énergies émergentes dans le domaine de la dramaturgie arabe. Le projet a été lancé il y a huit mois et des 330 textes proposés, un comité de lecture et de sélection a choisi 9 pour être traduits et édités en deux versions, arabe et française. Parmi ces 9 textes, trois seront joués ce soir à El Teatro. Il s'agit, d'abord, de Pronto Gaga de la Tunisienne Nidhal Guiga, dans une mise en scène de l'Irakien Mouhanad el Hadi, qui nous tisse sur fond de guerre civile deux candidats à l'émigration clandestine par voie aérienne. Les deux personnes sont confrontées à des difficultés de toutes sortes...le passeur qui multiplie les prétextes pour ne pas honorer ses engagements, les insurgés qui barrent les routes... Dans ce chaos, personne ne voit le bout du tunnel. Hello veut dire bonjour du Libanais Tarak El Bacha, mise en scène de Fouad El Yamine, est une création qui semble capturer les effets de la guerre et ses répercussions sur la vie des gens ordinaires... Quant à Bye Bye Gillo, d'après le texte du Marocain Adnane Taha, mise en scène du Palestinien Bashar Murkus, elle relate les confidences de Gillo, un expulsé de Belgique. Dans l'avion qui le reconduit au Maroc, il nous livre ses souvenirs d'enfance et le récit de ses mésaventures en Europe... Ces trois créations sont, d'après les metteurs en scènes présents à la conférence de presse qui s'est tenue lundi dernier à El Teatro, un exercice périlleux et passionnant, à la fois. « S'approprier les préoccupations d'une société qui n'est pas la nôtre, travailler des textes écrits dans des dialectes que nous ne comprenons pas toujours et travailler avec des comédiens d'une autre nationalité que la vôtre, avec des références différentes n'est pas chose facile, mais c'est cela l'enjeu et le défi lancé par ce projet », explique Mouhanad El Hadi, le metteur en scène irakien. Bashar Murkus continue sur la même lancée en expliquant que « même si les trois textes ont pour ligne directrice l'émigration, le départ, la recherche d'une patrie d'échange, ce sont des thèmes qui ne font pas forcément partie de nos soucis majeurs, surtout pour une société comme la nôtre qui vit sous l'occupation et qui porte la notion du « retour» comme axe de son combat, mais en tant que metteurs en scène, nous pouvons trouver un lien avec le texte, le développer et même nous l'approprier, selon la dramaturgie et la lecture que nous en faisons ». Les représentations de «Trois créations en une soirée» se poursuivront au-delà des murs d'El Teatro, le vendredi 1er mars au Théâtre municipal de Sousse et le samedi 2 mars au Centre culturel Néapolis de Nabeul.