Lancée au mois de mai 2012, la célèbre danse collective «Harlem Shake», ayant connu un succès international, a créé samedi dernier une véritable polémique. En effet, le problème s'est déclenché exactement au lycée des Pères Blancs à El Menzah 1, lorsque après les cours, les élèves ont investi le lycée pour se défouler aux rythmes électro du fameux titre de l'auteur de musique Dj Baauer. Dansée auparavant par des élèves et étudiants dans plusieurs régions du pays, sans attirer une attention médiatique particulière, la séquence du «Harlem Shake» au lycée sus-indiqué, largement partagée sur Facebook, a fait réagir le ministre de l'Education, non sur «la danse elle-même» mais sur «le déguisement indécent et l'accoutrement impudent», selon ses propos. Dans sa réaction, le ministre de l'Education, Abdellatif Abid, a déclaré aux médias que «cette danse comporte des dépassements du point de vue moral». Il a, à cet égard, décidé d'ouvrir «une enquête lundi en coordination avec l'inspection générale administrative et financière» au sein du ministère de l'Education pour prendre les mesures nécessaires à l'encontre de ce qu'il a qualifié de «responsables de cette situation de laisser-aller» dans le lycée en question. A la suite de cette décision, les élèves du lycée des Pères Blancs ont refusé aujourd'hui de rejoindre les classes avant de poursuivre les cours après deux heures. Cela dit, un événement a été posté via Facebook pour un «Harlem Shake» devant le ministère de l'Education, pour le 1er mars 2013. Du côté du Syndicat général de l'enseignement secondaire, M. Nejib Sellami, secrétaire général adjoint, a relevé que le syndicat rejette toute forme d'atteinte à l'institution éducative. Et d'ajouter : «Pourquoi les responsables des appels au jihad dans certains lycées n'ont pas été poursuivis ?», s'est-il interrogé, car cela constitue aussi «une atteinte à l'intégrité des établissements éducatifs», selon ses dires. Il a évoqué, à cet égard, le silence absolu et la quasi-absence de contrôle face à la propagation du phénomène de la violence et au recours aux drogues dans le milieu scolaire. Dans une déclaration à l'agence TAP, M. Abdellatif Abid a précisé que cette affaire n'aurait pas pris une telle ampleur si cette activité n'avait pas fait le buzz sur la Toile et suscité des réactions condamnant ce genre de comportements au sein des lycées. Il a, dans ce sens, réaffirmé que le ministère «ne s'oppose à aucune activité culturelle au sein des établissements éducatifs mais veille à ce que de telles activités soient sous la supervision et l'encadrement de l'institution éducative». Le ministre a souligné que son département «ne tolère aucun dépassement des lois internes des institutions éducatives et leur instrumentalisation à des fins politiques ou dogmatiques». A propos des informations concernant les appels lancés par certains élèves au jihad, il a fait savoir qu'une enquête est actuellement en cours dans plusieurs lycées dont le lycée des Aghlabides à Kairouan, le lycée secondaire de Zaghouan et le lycée Ibn-Rachiq à Ezzahra. Répondant à une question sur la nature des sanctions qui peuvent être infligées aux responsables du lycée des Pères Blancs, le ministre a précisé que ce sont les inspecteurs administratifs, travaillant indépendamment du ministère, qui sont chargés de l'examen des procédures à envisager dans ce sens. Des mesures, a-t-il dit, qui peuvent prendre la forme de «recommandation ou de suivi afin que de tels comportements ne se reproduisent plus».