Le commissaire européen à l'élargissement et à la politique de voisinage, M. Stefan Füle, était en visite officielle en Tunisie, les 14 et 15 mars, où il a rencontré plusieurs responsables, surtout de partis politiques et de la société civile. Le responsable européen a réitéré à cette occasion le soutien de l'UE à la transition en Tunisie et plusieurs accords ont été signés entre les deux parties. Avant son départ à Bruxelles, La Presse l'a retenu dix minutes au cours desquelles un certain nombre de questions ont été évoquées, dont notamment les conditions de soutien européen, la dimension sécuritaire, la mobilité des personnes. Interview. Au terme de votre visite, avez-vous de bonnes nouvelles à annoncer à l'opinion publique tunisienne ? Il s'agit de montrer la solidarité de l'Union européenne, de ses Etats membres et de ses peuples avec les Tunisiens. Nous allons apporter notre soutien parce que la révolution qui s'est déclenchée ici s'est propagée sur toute la région et nous aimerions qu'elle réussisse. Nous avons bien relevé que l'Union européenne a exprimé son appui à la révolution tunisienne dès le lendemain de la chute de la dictature, et ce, dans les déclarations de plusieurs responsables européens, dont la dernière à l'occasion de l'intronisation du nouveau gouvernement. Pourtant, comme vous l'avez remarqué, on est à notre quatrième gouvernement en deux ans. Comment expliquer ce soutien constant de l'UE face à une situation instable en Tunisie? Et puis jusqu'à quel point l'UE peut supporter l'instabilité dans un pays voisin comme la Tunisie ? Je dirais que la solution doit tout d'abord venir de la Tunisie. Nous pouvons apporter notre soutien mais c'est au nouveau gouvernement de faire le nécessaire pour la réussite de la transition... Mais en quoi l'Union européenne peut vous aider ? Je pense premièrement et je l'ai dit très clairement aux hommes politiques que j'ai rencontrés. Il est très important que les autorités expriment clairement quelles sont leurs priorités et leurs souhaits. Mieux nous connaissons ces besoins, mieux nous pouvons cibler notre soutien. La deuxième voie, c'est quand il s'agit de notre plan d'action vers un nouveau partenariat privilégié. Il s'agit d'un document très concret qui indique ce que l'Union européenne de son côté et ce que la Tunisie doit faire pour favoriser cette transformation très importante. Il faut que nous soyons responsables devant les peuples. Ceci doit être fait d'une manière publique et transparente de part et d'autre. Pour être plus direct, la révolution a révélé l'existence de certains groupes radicaux et parfois armés. Accepteriez-vous que la situation dégénère en Tunisie et seriez-vous en faveur d'une intervention militaire comme le cas du Mali ? Ce que nous pouvons faire c'est justement d'exprimer notre préoccupation aux problèmes de sécurité actuellement en Tunisie, c'est une réalité. Nous avons demandé aux autorités d'assurer une véritable enquête des violences qui ont eu lieu. Il faut traduire les auteurs de ces violences en justice. Et il ne faut pas donner l'impression d'une quelconque impunité. C'est dans ce sens que nous agissons. Vous avez évoqué le partenariat privilégié. Les Tunisiens attendent du nouveau en ce qui concerne la mobilité des personnes. Y a-t-il du nouveau dans ce contexte ? Je pense que nous n'en sommes pas très loin. Il reste encore une étape importante pour arriver à un véritable partenariat de mobilité qui permettrait par la suite d'assurer une facilitation des visas. J'aurais espéré qu'on serait allés plus loin sur ce point et je pense qu'il reste un travail à faire par le gouvernement tunisien, parce qu'en réalité, ce partenariat était victime de l'instabilité. Ce partenariat va nous permettre de travailler de près avec certains Etats membres pour donner une nouvelle impulsion à votre mobilité et de permettre par la suite une facilitation en matière de visas. Nous savons combien cela est important pour les Tunisiens et surtout pour les jeunes, c'est pourquoi nous avons augmenté le financement pour le programme Erasmus Mundus pour qu'un nombre supplémentaire de jeunes Tunisiens puissent étudier en Europe. En deux mots, votre message aux Tunisiens avant votre départ pour Bruxelles... Ne pas perdre espoir, garder le cap et poursuivre sur ce droit chemin et savoir que vous n'êtes pas seuls, l'Europe peut vous soutenir.