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«Le peuple tunisien peut compter sur l'Europe»
Entretien avec : M. Antonio Tajani, vice-président de la Commission européenne
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 11 - 2012

A l'occasion de la tenue du Carrefour des affaires, la Tunisie a accueilli plusieurs personnalités influentes, notamment en provenance de pays partenaires. M. Antonio Tajani est vice-président de la Commission européenne. Il a débarqué à cette occasion en compagnie de quarante hommes d'affaires et il a eu des entretiens avec les hauts responsables du pays. La Presse l'a rencontré en exclusivité dans sa résidence à Gammarth et a évoqué avec lui des questions d'actualité, relatives au partenariat, à la libre circulation des personnes et à la meilleure manière d'appréhender la mondialisation. Interview.
Vous avez eu plusieurs entretiens avec les responsables tunisiens lors de votre visite. Avez-vous de bonnes nouvelles à annoncer ?
Tout d'abord au niveau politique. Je viens de rencontrer le président de la République, après avoir eu l'honneur de le connaître à l'occasion du Sommet de la francophonie qui a eu lieu à Kinshasa. Son discours m'avait impressionné et aujourd'hui j'ai eu la même impression. J'ai bien apprécié sa vision politique, économique et stratégique de la Méditerranée et de la situation en Tunisie. Je pense que nous pouvons le considérer comme un homme clé pour la stabilité politique en Méditerranée. Nous avons parlé de croissance. Je partage avec lui l'idée que le travail pour la croissance ne doit pas être un but en soi. La croissance doit avoir l'emploi comme but, et c'est le seul but de l'Union européenne. Il s'agit aussi de donner de l'espoir aux jeunes Tunisiens pour l'avenir. Ces jeunes qui peuvent devenir des solutions pour plusieurs problèmes. Il faut transformer le rêve des jeunes Tunisiens qui se sont battus pour la démocratie en quelque chose de concret, soit le travail. Et je pense qu'à travers une coopération entre PME, nous pouvons soutenir la création d'emplois.
Nous avons rencontré également le Premier ministre, le ministre de l'Industrie, celui du Tourisme et le ministre de la Coopération internationale et des Investissements extérieurs. Nous avons discuté de la façon de coopérer au niveau des politiques industrielles entre l'Union européenne et la Tunisie et entre les entreprises européennes et tunisiennes, donc de la stratégie politique et la stratégie économique.
Pour cette visite, je suis accompagné de quarante entrepreneurs, grands chefs d'entreprise, grands chefs d'organisations d'entreprises. Pour essayer de «colocaliser» nos entreprises, pour investir ici, nous avons besoin d'un réseau d'entreprises tunisiennes. Voilà pourquoi il faut développer les relations. Bien sûr la politique ne peut pas imposer aux entreprises de faire des affaires, mais elle peut les accompagner via des accords. Et nous avons signé à cette occasion plusieurs accords au niveau de la politique industrielle et celle du tourisme avec le gouvernement tunisien. Il y a eu aussi des accords entre entreprises européennes et tunisiennes.
Pour conclure, je dirais que pour faire des investissements, développer la croissance dont le but est de créer des emplois pour les entreprises européennes, il faut résoudre les problèmes : bureaucratie, sécurité, la façon de faire des affaires...
Nous avons reçu des réponses politiques positives aujourd'hui du côté du gouvernement tunisien. Ils n'ont pas nié l'existence de problèmes, mais ils ont affirmé qu'ils vont aller de l'avant. C'est donc un message politique positif qui encourage les entreprises européennes à continuer leurs engagements pour rechercher ici des partenaires et colocaliser les entreprises. Donc le résultat politique est positif.
Après presque deux ans de la révolution, quelle est votre appréciation de la rive sud et de la Tunisie en particulier ? Comment évaluez-vous la promotion d'un partenariat rénové ?
La réponse, tout d'abord, donnée aujourd'hui par la Commission, c'est d'approuver le financement de 68 millions d'euros pour le soutien de la croissance de la Tunisie. Nous sommes convaincus qu'il faut soutenir la Tunisie et la croissance, parce que cette stabilité politique est nécessaire pour toute la région de la Méditerranée. Et la Tunisie est un carrefour de la Méditerranée. La traduction de la stabilité c'est : moins de fondamentalisme, plus de démocratie, moins de terrorisme, plus d'immigration légale, moins d'immigration illégale, moins de piratage, etc. Et si la stabilité est instaurée, il y a aussi plus d'affaires. Et comme vous le savez, la Tunisie est devenue le partenaire privilégié de l'Union européenne, ce qui constitue un message politique. Par la suite, il y a une chose importante : le Premier ministre a décidé d'engager une dizaine d'entrepreneurs européens comme groupe de haut niveau, agissant en conseillers pour la croissance. Ils tiendront leur première réunion début janvier.
C'est un groupe de travail de douze personnes venant de différents pays européens. Ils travailleront comme conseillers de la Tunisie et agiront en tant que locomotive de la croissance. Il y aura aussi un groupe de travail tunisien pour étudier ensemble la façon de s'engager en faveur de la croissance.
C'est un message important qui va donner aussi de la force à cette coopération et témoigne que nous regardons avec confiance la Tunisie.
Nous avons dit de façon très claire qu'il y a des problèmes de sécurité et nous avons eu, pour réponse, un fort engagement pour résoudre le problème.
Le statut avancé est acquis. Concrètement, comment la Tunisie pourrait en bénéficier pleinement ?
Cela donne de la force à la Tunisie d'être un partenaire protagoniste très proche de l'Union européenne. Il s'agit bien de facilités d'accès au marché...
Mais compte tenu de la crise aussi bien en Tunisie qu'en Europe, on considère que le moment n'est pas propice pour franchir ce pas. Pourquoi donc, si j'ose dire, cette précipitation ?
Moi je pense qu'il faut toujours bouger. Il faut toujours se battre et aller de l'avant. Il ne faut pas penser toujours que s'il y a un problème, on ne fait rien. S'il y a un problème il faut le résoudre. Et je pense que la politique pour la croissance est une bonne solution pour gagner contre la crise soit chez nous soit chez vous. Et, au fait, même au niveau du Parlement européen il y a toujours ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Je pense qu'il s'agit d'une avancée positive pour la Tunisie et pour l'Europe.
Des avancées ont été réalisées dans les négociations concernant la libre circulation des personnes. Qu'en est-il au juste ?
Nous avons approuvé une communication, une position politique de la Commission, qui a changé la position de l'Union européenne. Pour la première fois nous parlons de visas comme quelque chose qui ne concerne pas uniquement la sécurité, mais qui concerne aussi l'économie. Nous ne pouvons pas bloquer l'économie à cause de décisions liées à une politique de sécurité. Il y a quelques années, il y avait le terrorisme... Nous sommes toujours en danger et ce n'est pas un problème de passeport ni de visa. Nous avons eu des attentats terroristes ayant des passeports européens. En plus, pour un terroriste, ce n'est pas un problème de visa ou de passeport.
Je pense qu'il faut rester toujours en garde contre le terrorisme et l'immigration illégale. On ne peut pas bloquer l'économie, le tourisme et les hommes d'affaires à cause de cela.
Aujourd'hui, nous avons des règles et il faut les respecter, sans délai.
Donc il n'y a pas de nouvelles mesures ?
De nouvelles mesures non, mais il y a un message politique important.
Quelle est la prochaine étape ?
La première chose c'est que nous sommes déjà ici. La première application de ce travail c'est la présence au Carrefour tunisien d'aujourd'hui, de demain et d'après-demain. C'est la présence de cette délégation. Nous avons choisi d'être en Tunisie, parmi les pays où nous sommes en train d'organiser des voyages de la croissance. Il y a une année, nous avons commencé au Brésil et en Amérique du Sud. Après, nous avons décidé d'aller en Tunisie, au Maroc et en Egypte.
En Tunisie, il y a les traditions, la langue. Il y a seulement 400 kilomètres entre l'Europe et la Tunisie, à partir de l'Italie, c'est encore moins de distance...
Les Européens sont habitués à travailler en Tunisie, les Tunisiens sont habitués à travailler en Europe. L'application du partenariat privilégié est déjà en route. Et les accords que nous avons signés sont les enfants de ce mariage.
Sinon, nous sommes en train de préparer un accord sur l'agro-industrie. Une proposition a été déjà envoyée au gouvernement. Nous serons prêts, je pense, à signer en janvier.
Avec un peu de recul, on s'aperçoit que l'ouverture sur la mondialisation n'est pas à l'abri de risques. En tout cas, des effets pervers ont eu lieu aussi bien en Tunisie qu'en Europe. Comment évaluez-vous cet aspect à la Commission européenne ?
Je pense que la mondialisation n'est ni positive ni négative. Il faut savoir la gérer. Si on utilise les choses positives, on aura des résultats positifs, si on reste bloqué, c'est une chose négative. Bien sûr, il y a plus de concurrence au niveau global. Il y a des puissances économiques comme la Chine, l'Inde, le Brésil, le Mexique. Il faut être capable d'avoir une politique qui nous permette d'être compétitifs au niveau global.
En ce qui concerne l'Europe, je pense que la solution n'est pas au niveau national, l'Italie, la France ou l'Allemagne ne peuvent se battre et gagner contre la Chine ou l'Inde. Voilà pourquoi il faut essayer d'avoir l'unité.
Je pense aussi qu'il faut que l'on se mette à la globalisation dans les pays africains qui doivent s'organiser de façon pareille. Il faut penser à renforcer le Maghreb. Je pense que c'est une bonne façon de se battre face à la globalisation. Avoir une organisation méditerranéenne, un libre marché méditerranéen, aider la Tunisie comme les pays européens...
Si nous sommes capables de faire comme cela, la globalisation est positive. Nous pourrions explorer de nouveaux marchés et faire des affaires. Mais il faut aussi, pour faire face à la globalisation, défendre nos valeurs et notre identité. Vous avez une identité, nous avons une identité. Il ne faut pas être soumis à la globalisation. Il faut gérer tout cela.
S'il y a une bonne politique, la force de la politique, la globalisation est positive...
Il faut aussi des outils...
Bien entendu. Il faut penser à adopter de nouvelles règles au niveau de la politique industrielle. Si la Tunisie a opté pour le renforcement du réseau des PME, on peut choisir d'avoir une, deux ou trois entreprises d'excellence. La nanotechnologie est une possibilité. Pour l'industrie, il y avait une entreprise chimique et pharmaceutique. En Tunisie, il faut avoir quelques excellences pour être compétitif au niveau global. Les champions peuvent aider aussi le réseau. Donc, un réseau et des entreprises phares.
Avez-vous un message particulier à adresser aux Tunisiens?
C'est un peu notre histoire. On ne peut pas dire Rome si on ne parle pas de Carthage. Moi, j'aime bien l'histoire, mais pour bien nous comprendre, il faut toujours regarder l'histoire. Je pense que personne ne peut mieux comprendre les Tunisiens qu'un Européen méditerranéen. Et personne ne peut comprendre un Européen méditerranéen mieux qu'un Tunisien...
Voulez-vous dire le Tunisien en particulier ?
Vous êtes les plus proches. Je raisonne comme Italien. Il y a une tradition de présence italienne en Tunisie qui n'est pas coloniale. Je pense qu'il faut avoir confiance. Et nous sommes prêts à travailler avec la Tunisie. C'est naturel de coopérer. Les Tunisiens sont nos frères et je pense que nous le sommes aussi pour les Tunisiens. Renforcer ce lien et travailler ensemble avec loyauté et transparence et le peuple tunisien peut compter sur l'Europe.


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