A l'occasion de la journée nationale de l'économie de l'eau, la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede) a tenu une conférence de presse, hier à Tunis, dans le but d'informer sur certains problèmes liés à l'eau en Tunisie et les mesures entreprises par la compagnie nationale pour y remédier. En outre, le PDG, Hédi Belhaj, a présenté un projet d'augmentation des tarifs d'eau potable, pour compenser en partie les pertes financières de l'entreprise, en difficulté. Les ressources en eau mobilisables sont estimées à 480 mètres cubes d'eau par tête d'habitant et par an en Tunisie. Ces ressources, qui sont relativement faibles comparées à d'autres pays, vont diminuer dans le futur en même temps que l'accroissement de la demande. Afin d'économiser l'eau potable, la Sonede a mis en route un programme pour limiter les pertes au niveau des conduites, améliorer le rendement des réseaux de distribution et optimiser les indicateurs d'exploitation. Selon Abdallah Ben Slimane, directeur central des économies de l'eau, ce programme comprend, entre autres mesures, l'installation d'équipements de pointe dans le domaine du comptage, la réhabilitation des conduites et la recherche des fuites. À cet effet, chaque année la Sonede réalise un balayage de réseau de 7.000 km, pour contrôler et réparer les éventuelles dégradations au niveau des équipements. En outre, la Tunisie coopère avec l'ensemble des pays du sud et du nord de la Méditerranée, essentiellement l'Italie, la France et le Maroc, pour le transfert de connaissances et d'innovation en matière d'économie d'eau. A titre d'exemple, la Sonede mène actuellement un projet pilote sur la réduction des fuites au niveau du réseau et des branchements, dans le cadre du projet Aquaknight avec l'Union européenne. Du côté des abonnés, la Sonede mène des actions de sensibilisation et fait le suivi des «grands consommateurs» (consommation supérieure à 500 m3 par trimestre) à travers les opérations d'audit de leur système interne. Réajustement tarifaire Toujours dans le cadre de la rationalisation de la consommation en eau et la maîtrise de la demande chez les abonnés, la Sonede a adopté une tarification variable qui dépend des quantités d'eau utilisées. Ainsi, pour une consommation de 0 à 20 mètres cubes par trimestre, le prix du mètre cube est de 145 millimes. Pour une consommation de plus de 500 m3, le prix est de 1.025 millimes. Cette tarification va être réajustée pour des raisons principalement économiques. En effet, comme beaucoup d'autres institutions publiques, la Sonede connaît des difficultés financières. Selon le PDG de la Sonede, Hédi Belhaj, le solde client s'élève à 205 millions de dinars, dont 60 millions représentent des factures échues des mairies et des collectivités. Il est à noter que le coût du service de production et de distribution des eaux s'élèvent à 716 millimes le mètre cube, un montant qui est supérieur au prix moyen de consommation, estimé à 565 millimes. Le projet de réajustement tarifaire que propose la Sonede est d'augmenter globalement les prix de 7%. Si le projet vient à être adopté, les frais fixes augmenteront de 300 millimes par trimestre et les tarifs unitaires de 20 à 25 millimes pour les tranches de consommation de plus de 40 m3 par trimestre, qui concernent moins de 30% des abonnés. Afin de répondre à une demande en eau toujours croissante, la Sonede prévoit la création de stations de dessalement d'eau de mer. Les coûts de production d'eau potable seront alors encore plus importants. Avec en plus l'augmentation des coûts énergétiques, il y a de fortes chances que les tarifs d'eau continuent à augmenter sur le court terme. Approvisionnement en eau Durant l'été 2012, il y a eu plusieurs perturbations au niveau de la distribution de l'eau, à cause de la faible production et de l'incapacité du réseau à transférer les quantités d'eau nécessaires, notamment au niveau de la station de pompage de Karkar. Ces troubles ont été aggravés, selon Hédi Belhaj, par «l'exploitation anarchique» des ressources, la canicule qui a sévi durant l'été et les mouvements sociaux. Des mesures d'urgence ont été prises par la Sonede pour éviter que le même scénario ne se reproduise. Ainsi, six puits seront forés et reliés au réseau dans les régions de Sidi Bouzid et de Sfax, la station de pompage de Karkar sera dotée de nouveaux moteurs et de pompes, une station d'assainissement de l'eau sera construite à Belli et Zanatir, un réservoir d'eau sera construit à Souk Sayadi et la station de pompage de Béjaoua sera développée. Dans les régions rurales, environ 150 projets sont prévus pour assurer la couverture des besoins en eau potable. L'objectif est d'arriver à un taux d'alimentation de 98% en 2016.