La crise financière, qui s'est déclenchée aux Etats-Unis d'Amérique avant de gagner l'Europe, a touché les économies de tous les pays y compris celles des pays émergents. La gouvernance économique et financière mondiale a été mise en cause par plusieurs observateurs qui ont reproché au système libéral l'insuffisance des mesures protectionnistes et des garde-fous, notamment au niveau bancaire pour assurer une gestion rationnelle des deniers. Pour réfléchir sur la crise économique et financière mondiale et ses effets sur les économies des pays émergents, la Chambre des Conseillers a organisé une table ronde sur le thème «Quelle gouvernance mondiale après la crise financière et économique ?» et dont les actes ont été publiés dans un fascicule qui reprend les communications prononcées. M. Abdallah Kallel, président de la Chambre, estime que «malgré la crise économique mondiale, notre pays a réussi à atténuer ses effets à la faveur d'un ensemble de réformes sérieuses et de dispositions préventives prises par le Chef de l'Etat. Elles ont contribué dans une large mesure à renforcer la capacité du pays à faire face aux perturbations qu'a connu le monde». Le Chef de l'Etat avait constaté depuis le Changement, selon l'orateur, que le capitalisme libéral excessif n'était pas convaincant dans la mesure où il dissimule des mécanismes qui ne sont pas au service de l'homme et ne permettent pas de prendre les mesures correctives en temps opportun. Analysant en profondeur cette situation financière et économique perturbée, M. Taoufik Baccar, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), estime que «depuis son déclenchement en été 2007, la crise financière et économique a eu des répercussions profondes, d'abord sur les établissements bancaires internationaux qui ont utilisé des moyens financiers liés aux crédits immobiliers de la catégorie dite subprime». La crise a gagné, ensuite, les autres pays du monde générant une stagnation des transactions sur les marchés monétaires internationaux et une baisse dans la majorité des bourses. En dernière étape, la crise a causé une récession économique mondiale et une augmentation importante du taux de chômage. Selon l'orateur, la Tunisie a pu, grâce à sa capacité d'anticipation des événements, prendre les dispositions nécessaires en temps opportun en vue d'atténuer les effets de la crise sur l'économie tunisienne, ce qui lui a permis de préserver un taux de croissance positif et les équilibres financiers intérieurs et extérieurs (2,8% pour le déficit courant et 3,3% pour le déficit budgétaire), en plus de la diminution continue des taux d'endettement public et extérieur qui ont atteint respectivement 47,2 et 40,9% du PIB. Les réserves en devises ont atteint également un niveau record dépassant les six mois d'importation. «La capacité de la Tunisie d'atténuer les chocs extérieurs, se félicite M. Baccar, mais c'est le résultat des réformes structurelles profondes engagées depuis le Changement en plus de la vision prospective et éclairée du Président Ben Ali qui a prévenu la communauté internationale de la gravité de la crise dans son discours prononcé à l'occasion du 50e anniversaire de la création de la Banque centrale de la Tunisie, et ce, le 29 novembre 2008».