«La recherche de solutions pour le phénomène de la dégradation du pouvoir d'achat doit s'inscrire dans le cadre d'une stratégie nationale de lutte contre l'inflation. Et ce, en concertation avec toutes les parties prenantes, gouvernement, BCT et société civile », plaide M Moez Joudi. Le taux d'inflation est une variable essentielle dans toute analyse de l'évolution du pouvoir d'achat. Cette mesure de l'évolution des produits qui constituent le «panier de la ménagère » ne fait d'unanimité que sur la nécessité de sa révision. De nos jours, les consommateurs ont bel et bien changé d'habitudes de consommation et dépensent plus dans certains produits, autrefois inexistants. De nos jours, les consommateurs s'adressent de plus en plus vers les grandes et moyennes surfaces (GMS) pour faire leurs courses, particulièrement dans les zones urbaines. Donc, c'est dans les études de ces opérateurs qu'on pourrait estimer la vraie valeur de l'inflation, le nouveau panier de la ménagère « urbaine» et l'évolution du pouvoir d'achat. Pour ce faire, on a contacté M.Moez Joudi, administrateur dans le conseil d'administration d'un groupe de grande distribution présent sur le territoire national. Les études réalisées par les cadres de ce groupe, dit-il, ont fait ressortir le «chariot moyen » qui correspond au mieux aux achats de leur clientèle. Le glissement des prix des produits de ce chariot moyen a fait ressortir une évolution à deux chiffres, « de 10 à 11%», estime-t-il. Pourtant, compétitivité oblige, ces opérateurs adoptent des stratégies commerciales de plus en plus agressives et des gammes de produits de plus en plus étendues. «L'inflation réelle, tel que mesurée par nos équipes, est largement supérieure à celle communiquée par l'Institut national de la statistique (INS)», remarque-t-il. Et de renchérir « Il faut réviser le panier de la ménagère ». Avec sa casquette d'économiste, il précise : « Quoi qu'il en soit, une inflation qui dépasse le seuil de 3% a des effets néfastes sur l'économie nationale ». L'inflation use, rappelle-t-il, les fruits de croissance et freine tout plan de relance économique. D'ailleurs, tous les opérateurs encaissent les effets d'une inflation galopante. Les consommateurs, en premier lieu, verront leur pouvoir d'achat se dégrader au fil du temps. Les entreprises, pour leur part, seraient confrontées à un marché rétréci et moins solvable. Et plus généralement, « On aura des difficultés à préserver les équilibres macroéconomiques de l'économie », estime l'expert. S'attardant sur les causes, il prévient : «La Banque centrale ne peut pas à elle seule juguler l'inflation». Car, l'inflation qui sévit ces deux dernières années, n'a pas des origines monétaires uniquement. Au contraire, « l'inflation est tributaire de plusieurs autres facteurs dont la contrebande, le manque de contrôle, le déséquilibre entre l'offre et la demande, l'inflation importée... », insiste-t-il. Dans cette perspective, « la recherche de solutions pour ce phénomène doit s'inscrire dans le cadre d'une stratégie nationale de lutte contre l'inflation. Et ce, en concertation avec toutes les parties prenantes, gouvernement, BCT et la société civile », plaide l'expert. Car, des actions isolées, estime-t-il, à l'instar de révision à la hausse du TMM et le verrouillage des crédits à la consommation, ne feraient que brider la relance de l'économie.