Par Zouhair EL KADHI Le constat des experts est unanime : il est temps de baisser les charges des entreprises. En effet, la valeur ajoutée des entreprises représente environ 82% du PIB, de sorte que la dépense publique est essentiellement financée par des prélèvements directs et indirects sur la valeur ajoutée marchande. Malheureusement, les membres du gouvernement et de l'assemblée constituante ignorent qu'ils sont payés par le contribuable et croient, à tort, que l'Etat dispose de moyens financiers infinis. Que ces prélèvement interviennent sur la valeur ajoutée par la taxe sur la valeur ajoutée ou TVA sur les bénéfice, dérivée de la production de valeur ajoutée via l'impôt sur les sociétés (IS), sur les salaires versés sous forme de charges salariales, sur le revenu des salariés sous forme d'impôt sur le revenu, tous les prélèvements sont directement ou indirectement des prélèvements sur la valeur ajoutée marchande de l'économie. Néanmoins la question-clé est de déterminer quels sont les prélèvements sur les entreprises qui ont l'effet le plus anti-économique, c'est-à-dire ceux qui provoquent la perte d'activité économique la plus forte pour un dinar d'impôts effectivement perçu par l'Etat? Les impôts les plus anti-économiques selon ce critère Deux impôts posent problème à la fois parce qu'ils découragent l'activité en soi, mais aussi parce qu'il décourage la localisation de l'activité économique en Tunisie. Ce sont, l'impôt sur les sociétés et les charges salariales qui introduisent un gros écart entre le salaire net qui motive le salarié à travailler et le salaire brut qui démotive l'employeur. C'est l'interaction entre ces deux impôts qui produit des effets dévastateurs. En ce qui concerne l'impôt sur les sociétés, la baisse des taux de l'IS est souhaitable afin d'encourager les entreprises tunisiennes à investir et les entreprises étrangères à localiser leur activité en Tunisie. Nous estimons que des taux IS qui convergent vers 20% est une mesure appréciable afin de relever la rentabilité économique qui dynamiserait l'investissement et permettrait aux entreprises tunisiennes de devenir plus compétitives et surtout de créer plus d'emploi. Il est même souhaitable de baisser les impôts d'une manière plus significative dans les secteurs à haute valeur ajoutée et à grande intensité de main-d'œuvre qualifiée comme les industries électroniques, les industries chimiques, les industries pharmaceutiques et, bien sûr, les services. En ce qui concerne les charges salariales, il faut surtout éviter que l'écart entre le salaire net et le coût salarial total, incluant les charges patronales, ne soit trop élevé au point de décourager les salariés de travailler et les entreprises d'embaucher. Malheureusement, cet écart, appelé aussi «coin socio-fiscal» ne cesse d'augmenter enregistrant une hausse d'environ 8 points de pourcentage depuis 1990. Aujourd'hui, le coût total du travail est presque le double du salaire net. A l'évidence, cette hausse réduit la compétitivité des entreprises tunisiennes et aurait tendance à accroître le chômage. La succession de ces chocs à la hausse a contribué à la fois à la hausse du coût du travail, à la stagnation du salaire net et à l'accroissement du chômage. Toutefois, la réduction des charges portant sur les entreprises en général, et sur les salaires en particulier, doit s'inscrire dans une réflexion globale sur la compétitivité du site de production Tunisie par rapport aux autres pays concurrents. Dans tous les cas et pour stimuler la croissance, il est déterminant d'augmenter la rentabilité économique dans notre pays et de faciliter l'accès des PME à un financement stable et moins coûteux. Il s'agit de parvenir à développer des systèmes financiers plus adaptés au contexte national afin de faire tomber les obstacles entre banques et PME. Si rien ne bougeait, comme c'est le cas aujourd'hui, cela constituerait une menace sérieuse pour nos PME, pour la croissance et pour l'obtention des bénéfices économiques en matière d'emploi. L'avenir de nos PME peut être brillant si nous savons créer un environnement plus favorable à leur succès. Et celui-ci sera aussi le succès de l'ensemble de notre économie. Mais il reste pour cela beaucoup d'efforts à faire.