Dans la ville de Sousse, à l'intérieur des remparts et en plein cœur de la médina, un théâtre de poche est né : Zendala de Habib Zrafi, comédien de la compagnie «Jawharat al founoun». Nous l'avons rencontré lors du festival du film russe qui a eu lieu au début de ce mois au Théâtre municipal de Sousse. Le comédien, que nous connaissons à peine, était venu nous inviter à voir un documentaire signé par le cinéaste belge Vincent Patini. Le film, Chroniques tunisiennes, où il s'agit du portrait de Habib Zrafi en tant que marionnettiste, devait être projeté à Zendala. Heureux de savoir qu'un nouvel espace de création et de représentation est venu, enfin, s'ajouter à la liste déjà réduite de nos théâtres, nous avons jugé que le théâtre méritait un reportage. Zendala se situe dans l'une des rues commerçantes de la médina, dans un quartier appelé «Jabbanet el Ghorba» (cimetière des étrangers). Avant d'arriver au théâtre, nous passons par une grande place qui nous a fait rêver. A l'intérieur des majestueux remparts, nous imaginons un espace vert peuplé d'artistes, de peintres et de chevalets, de clowns et de mimes, de conteurs et de foules de gens curieux. Mais en réalité, la place est occupée par des jeunes en manque d'activités sportives et de loisirs, qui l'ont transformée en terrain de foot. Nos accompagnateurs nous apprennent que pas loin de Jabbanet el Ghorba, il existe un espace idéal pour un théâtre de plein air, fermé depuis plusieurs années, pour on ne sait quelle raison. Heureusement qu'il existe encore des gens, comme Habib Zrafi, qui osent s'investir dans l'art et la culture. Rebelle, et furieux de constater que de nos jours, on ne pense qu'à construire des immeubles et des centres commerciaux, Zrafi a décidé de louer un ancien dépôt d'huiles (d'où le nom de Zendala) pour le transformer en théâtre de poche. Ce dernier accueille, désormais, de 60 à 80 spectateurs. Ses murs, joliment ornés par des enfants, annoncent le cachet de cet espace qui leur est essentiellement dédié. Car Zrafi est l'un des rares à se consacrer à ce genre pas très répandu en Tunisie, qu'est le théâtre pour enfants. Mais cela ne l'empêche pas de programmer des spectacles pour adultes. C'est d'ailleurs par la poésie, avec l'invité spécial Sghaier Ouled Ahmed, qu'il a choisi d'ouvrir son Zendala, le 13 octobre 2012. Il a même organisé par la suite des journées musicales, en hommage au propriétaire des lieux, Sadok Boudokhane, ancien militant politique et dont le portrait, en noir et blanc, est accroché au mur, en face de l'entrée. Malgré l'humidité, ce théâtre est vraiment très accueillant. L'artiste n'a pas à se plaindre quant à l'affluence du public. «Les enfants viennent par centaines. Ils aiment ce théâtre», nous a-t-il déclaré après nous avoir fait visiter les coulisses et les loges de fortune. «Tout est récupération. La scène a été construite avec des planches de bois chinées ici et là...», a-t-il précisé. Habib rêve d'une âme «sensible» qui lui offrirait d'acquérir des rideaux, de quoi assurer l'étanchéité et avoir le matériel qu'il faut pour équiper son plafond technique et installer une vraie régie. En attendant, il a fait ce qu'il devait faire : déposer une demande de subvention au ministère de la Culture. Donc, à bon entendeur...