Plusieurs routes ne sont plus éclairées la nuit. Le réseau d'éclairage, qui a subi d'importantes dégradations avant et après la révolution, n'a pas été remis en état. En réalité, des réparations répétées ont eu lieu, jusqu'au jour où on a décidé de les arrêter, tant l'ampleur des vols qui cible les câbles en cuivre est importante. Derrière ces vols, un trafic que les autorités essayent de combattre par différents moyens. 19 heures passées, il commence à faire nuit à Tunis. Il vente, il pleut, les routes sont glissantes et les crevasses remplies d'eau. Sur la voie rapide reliant Tunis à la Goulette, aucun réverbère ne s'allume. En réalité, cela fait plusieurs mois qu'ils ne fonctionnent plus. Ailleurs, dans d'autres villes, le problème est le même. Après le crépuscule, des routes, plus ou moins fréquentées, ne sont pas éclairées. Le comportement du conducteur est le premier facteur de l'insécurité routière en Tunisie. L'état des routes et ses équipements n'y contribuent qu'à hauteur de 0,6% selon les statistiques officielles. L'absence d'éclairage public ne tue pas. Néanmoins, elle dérange. La conduite est moins confortable dans des conditions d'obscurité. De plus, cela amplifie le sentiment d'insécurité. «Vous ne devriez plus passer par ici. Il faut éviter les routes non éclairées, les braquages sont de plus en plus fréquents», affirme un conducteur de taxi, à qui la route reliant la Marsa à Carthage fait peur. Plusieurs mois sont passés sans que le réseau d'éclairage ne soit remis en état, et ce, en l'absence de communication de la part des autorités compétentes. Trafic de cuivre L'éclairage public est l'affaire du ministère de l'Equipement, des municipalités et des conseils régionaux. Le ministère s'occupe d'un réseau routier de 580 km, comprenant les grandes voies. D'après Ali Liheouel, sous-directeur à la DG ponts et chaussées, chargé de l'éclairage public, les actes de vandalisme ont augmenté après la révolution et ont touché tous les organes du réseau d'éclairage. «Avant, on ne volait que les câbles qui se trouvent dans les buses. Aujourd'hui, on arrache également les câbles des transformateurs et des poteaux qui contiennent du cuivre», affirme-t-il. Résultat, des tronçons de route de 10 km sont privés d'éclairage la nuit, parce qu'il n'y a plus moyen d'y acheminer de l'électricité. D'après le responsable, la protection des équipements a été renforcée, mais ça n'a pas suffi à empêcher les vols. Une enquête, menée par le ministère de l'Intérieur, a révélé que les câbles en cuivre volés étaient destinés à l'exportation. Afin de combattre ce trafic, le contrôle au niveau des réseaux d'éclairage a été intensifié, et la réglementation régissant la commercialisation du cuivre a été durcie depuis octobre 2012. Ainsi, avant toute opération d'exportation, la provenance du cuivre doit être dûment justifiée par les commerçants. De plus, la marchandise doit subir le contrôle du Centre technique des industries mécaniques et électriques (CETIME). Et enfin, une nouvelle taxe sur l'exportation du cuivre a été instaurée. 5 milliards de dégâts Le coût des réparations sur le réseau d'éclairage routier est estimé à 5 millions de dinars. 4 millions vont être déboursés en 2013. Les régions où il y a le plus de dégâts sont le Grand-Tunis, Nabeul, Sousse et Sfax. Les travaux de rénovation ont déjà démarré à Sfax. Dans le programme, il est prévu d'installer des câbles en aluminium plutôt que des câbles en cuivre. «Il n'y a pas d'acheteur pour l'aluminium, donc cela contribuera à réduire le trafic», explique Ali Liheouel. Cette mesure sera accompagnée par des réajustements techniques, menés en coordination avec la STEG. En outre, les câbles ne seront plus contenus dans des buses, mais enterrés directement dans la terre pour rendre encore plus difficile leur extraction. En marge de ces travaux de rénovation, un réseau d'éclairage public en énergie photovoltaïque sera installé dans des zones reculées d'ici la fin de l'année. D'un coût de 1 million de dinars, le projet sera financé par la Banque Européenne d'Investissement.