Plusieurs tronçons routiers du Grand Tunis, ne sont pas éclairés pendant la nuit et ce, depuis plusieurs mois. Même les artères de la ville qui, naguère, n'ont jamais connu d'obscurité, baignent dans le noir, notamment celles qui relient les différentes localités des banlieues autour de la capitale. Les automobilistes, roulant de nuit, éprouvent de grandes difficultés pour traverser ces tronçons dont les virages dangereux devenus invisibles, faute d'éclairage. La route allant de Tunis à la banlieue nord est souvent privée d'électricité quand bien même cette nationale serait l'une des grandes artères qui soit la plus fréquentée par les automobilistes. De même, l'obscurité règne sur plusieurs tronçons de la route menant vers la banlieue sud, que ce soit via le GP1 ou via le pont Radès-Goulette, cette route névralgique où, à cause du port de Radès, la circulation est devenue très dense, même la nuit, surtout en présence de gros semi-remorques servant au transport des marchandises. Les habitants des banlieues, quittant leur travail à 17h, à l'heure où le soleil s'est déjà couché en cette saison hivernale, regagnent leur foyer dans le noir, si bien qu'ils doivent redoubler d'attention, vue la mauvaise visibilité en l'absence d'éclairage public, surtout par temps pluvieux où les risques augmentent et la prudence est de rigueur. Le conducteur est obligé souvent d'allumer les phares pour signaler sa présence ou mieux regarder devant lui. « A partir de huit heures du soir, nous confia un conducteur, à part l'obscurité, ces routes sont vides et c'est la peur qui s'installe. On a un sentiment d'insécurité, au cas où quelqu'un tomberait en panne ou serait victime d'un braquage... » Il est à remarquer que ces routes qui sortent de la capitale pour aller aux différentes localités de la banlieue et inversement étaient pourtant suffisamment éclairées et les pannes électriques étaient peu fréquentes. Les choses ont malheureusement changé depuis la Révolution : les pannes de l'éclairage public se sont multipliées tout le long de ces routes, à quelques tronçons près, et les réparations sont soit lentes soit inexistantes ! L'on se demande à qui incombe la faute. Serait-ce celle de la STEG ou de la municipalité concernée ou encore celle du Ministère de l'équipement ? Quel que soit le responsable de cette situation, le citoyen a besoin de l'éclairage public pour pouvoir se déplacer la nuit, sortir avec ses enfants, aller voir un spectacle, assister à une fête familiale, ou en cas d'urgence, se rendre chez un médecin ou à l'hôpital. C'est l'un des droits fondamentaux que de circuler la nuit dans sa voiture en pleine sécurité et sans risques. Un Tunisien, rentré récemment de Suisse, après de longues années, a été sidéré devant cet état des lieux en me disant : « En Suisse, en cas d'une panne dans l'éclairage public qui n'est pas réparé dans l'immédiat, c'est tout le conseil municipal qui est dénoncé et peut-être qu'il risque d'être limogé par les habitants ! » Certes, nous sommes encore en retard d'une guerre par rapport à ces nations où chacun connaît bien ses droits et ses devoirs ; cependant, il est inconcevable que des rues et des routes nationales sombrent pendant des mois dans l'obscurité sans que les autorités compétentes ne bougent. Pourtant, l'éclairage public n'est pas un luxe ni une faveur accordée aux contribuables qui payent de l'argent. Même les réparations des pannes électriques se font grâce à ces contribuables qui méritent d'être rassurés dans leurs déplacements nocturnes. A moins qu'on veuille que les gens restent chez eux pendant la nuit pour des raisons de sécurité, vu la situation actuelle dans le pays ! Ou attendra-t-on que des accidents dramatiques surviennent sur ces routes obscures pour que les autorités interviennent ? Le manque d'éclairage public se fait de plus en plus sentir également dans les quartiers et les cités populaires des différentes localités du Grand Tunis, là où on note la recrudescence des vols et des cas d'agressions. En effet, des énergumènes profitent de l'obscurité des rues pour perpétrer leurs crimes ou leurs délits. On n'y voit que quelques lampadaires qui éclairent une rue ou une place, alors que bon nombre de ces lampadaires ne fonctionnent pas. Et dire que la réparation de ces lampadaires est bel et bien l'apanage des municipalités ; mais là encore les choses trainent et depuis quelque temps on ne sait pas à qui incombe la décision de procéder au rétablissement de l'éclairage public, étant donné que les délégations municipales provisoires souffrent encore d'instabilité et de manque d'initiative, consacrant tous leurs efforts dans le règlement des problèmes d'ordre administratif et politique. Or, la défaillance ou même l'insuffisance de l'éclairage public doit s'accorder la priorité des actions municipales, d'autant plus que dans certaines zones urbaines la situation devient fortement préjudiciable aux populations, dans la mesure où les rues mal ou non éclairées présentent les lieux de prédilection des voleurs et autres bandits de tout acabit.