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Une bataille contre l'égalité
Droits des femmes — Campagne de dénigrement contre la Convention CEDAW
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 05 - 2013

La coalition civile s'insurge (Atfd, Afturd, Ltdh, Amnesty Tunisie, Stal)
La Convention onusienne contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (Cedaw), ratifiée par la Tunisie en 1985, fait l'objet depuis quelques jours, voire des mois, d'une campagne de dénigrement et de déformation sans merci. «On lui fait dire n'importe quoi et n'importe comment au nom de la défense de la Chariaâ», affirme-t-on du côté de ses défenseurs. Une coalition de cinq organisations tunisiennes des droits humains s'insurge et appelle à la mobilisation générale pour sauver le Code du Statut Personnel et barrer la route aux instigateurs d'un projet de société qui «s'oppose à l'égalité entre les époux au sein de la famille».
Les opposants à Cedaw, à coups de campagnes médiatiques et de mobilisation sur le terrain, surtout dans les zones rurales, reprochent à la convention de préparer le terrain pour la reconnaissance de l'homosexualité et, par conséquent, du mariage gay et d'inciter les adolescentes à l'usage des contraceptifs. Ils lui reprochent également de retirer au mari le droit à la répudiation – ce qui est déjà stipulé dans le CSP et en vigueur depuis 1956 – et de remettre en question le statut de chef de famille qui, selon eux, ne doit revenir qu'au mari.
Polygamie, répudiation, mariage précoce... dans le viseur
Selon les défenseurs de la convention, il n'en est rien de tout cela. «La Convention contre toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (Cedaw) ne parle pas des homosexuels ni du mariage gay et elle n'incite pas les femmes au libertinage sexuel ni n'encourage l'usage des contraceptifs par les adolescentes», expliquent les représentantes de la coalition civile (Atfd, Afturd, Ltdh, Amnesty Tunisie, Stal) au cours d'une récente rencontre de presse. «Ce sont là des accusations sans fondement et abusives dont les dessous sont purement politiques», affirment-elles encore. Et pour cause : la campagne de déformation et de dénigrement menée en apparence au nom de la défense de la Chariaâ est empreinte de manipulations et de mauvaise foi. Pour certains instigateurs de la campagne de déformation, Cedaw s'écrit Sidaw et la relation entre le contenu de la convention et le risque de contracter le sida vite établie.
Pour les défenseurs des droits humains dont ceux de la femme qui font partie intégrante, les dessous de cette campagne sont purement politiques et n'ont rien à voir avec la religion. Les attaques auraient même débuté il y a plus d'un an, quand, en octobre 2011, le premier gouvernement de transition, celui de Béji Caïd Essebsi, a décidé la levée des réserves de la Tunisie sur la convention Cedaw, ratifiée en 1985. Ces réserves concernent deux articles relatifs à l'égalité, respectivement dans l'héritage (article 15) et dans la famille (article 16). «La bataille est finalement celle de l'égalité», avancent les défenseurs de Cedaw. Et c'est tout un programme à entendre la constitutionnaliste Hafidha Chakir. «C'est une guerre en apparence culturelle et idéologique mais qui est, dans son for intérieur, une lutte pour le pouvoir au sein de la cellule familiale, microcosme de la société; dominer la famille revient à dominer l'ensemble de la société et c'est le projet de société qui est visé par les parties qui appellent au retour à la polygamie, à la répudiation, au mariage précoce, etc.».
Levée des réserves : procédure inachevée
La présidente d'Amnesty Tunisie est même convaincue que la désintégration des droits de la femme est un moyen détourné pour atteindre les droits de l'enfant et remettre en question certains principes comme la majorité à 18 ans et, par là, l'âge autorisé au mariage. «A terme, l'objectif est d'autoriser légalement le mariage précoce et d'imposer la suprématie masculine», souligne-t-elle. Et de poursuivre : «Nous nous sommes entretenues avec des imams et nous nous sommes renseignées auprès des spécialistes, le Coran n'interdit pas l'égalité et protège les femmes contre toutes les formes d'abus et de violences, Cedaw n'est donc pas en contradiction avec nos valeurs culturelles, ni avec le CSP, estime la présidente d'Amnesty. Quant à la Chariaâ nous savons tous qu'il y a plusieurs lectures et personne n'a le droit d'imposer la sienne».
La mobilisation de la coalition civile des droits des femmes vise quatre domaines: le mariage du violeur , le viol conjugal, l'égalité à l'héritage et le mariage précoce. La bataille n'est pas encore gagnée et les représentantes de la coalition appellent à la mobilisation générale (partis politiques et médias) estimant que le futur projet de société qui est en train d'être décidé dans les murs de l'ANC est l'affaire de tous. «Avant le 14 janvier, nous militions pour promouvoir nos droits; aujourd'hui, nous nous battons pour préserver nos anciens acquis», déclare la vice-présidente de la Ltdh. Quant à la présidente de l'Atfd, Ahlem Belhaj, elle situe le problème dans le double langage des personnes qui sont aujourd'hui au pouvoir et qui «avaient promis de respecter les libertés individuelles et les droits des femmes; ces mêmes personnes tentent aujourd'hui de faire passer un texte (3e copie du projet de constitution) critiqué par tous les défenseurs de droits de l'Homme». La campagne ne serait pas fortuite, avancent les membres de la coalition.
L'avis porté sur la convention Cedaw dépend, bien sûr, du côté où l'on se place : pour les femmes et les hommes d'obédience islamiste, la polygamie, la répudiation, le mariage précoce sont un remède contre les maux de société tels que le divorce, le célibat tardif, les naissances hors mariage, la prostitution ; quant à l'égalité dans l'héritage, elle serait garantie par l'Islam sous diverses formes et selon les circonstances qui prévalent au sein de la famille. Le problème identitaire, inattendu pour la plupart des Tunisiens, s'est posé avec toute son acuité après la révolution. Il est clair qu'un débat entre toutes les parties est inévitable pour calmer les tensions et permettre aux Tunisiens de vivre ensemble indépendamment de leurs croyances et convictions culturelles et/ou religieuses.
La solution, qui doit inévitablement être consensuelle dans un contexte de démocratie naissante, serait donc dans un dialogue national où l'argumentation et la contre-argumentation seraient basées sur des vérités, des expériences et le savoir, loin de toute manipulation et mauvaise foi et surtout loin de la propagande wahabiste. Mme Sana Ben Achour, militante de la première heure pour les droits des femmes, appelle le gouvernement actuel à assumer ses responsabilités et, dans le cadre de la pérennité de l'Etat, de conclure, ce qu'avait engagé le précédent gouvernement de Béji Caïd Essebsi, la procédure de levée des réserves afin qu'elle soit officiellement reconnue au double plan national et international. La coalition espère également une prise de position des organisations internationales pour défendre la convention et stopper la campagne de déformation.
Historique
La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes est ratifiée par 187 pays dont 19 pays arabes comme l'Arabie Saoudite et le Qatar. Exit le Soudan et la Somalie. Elle a été adoptée par l'Assemblée générale en 1979 et est entrée en vigueur, en 1981, après avoir été ratifiée par 20 pays. Les réserves de la Tunisie sur les articles 15 et 16, levées en 2011, concernent la Convention et non le Protocole additionnel à la Convention qui est entré en vigueur le 22 décembre 2002 et que la Tunisie a ratifié en 2008. Ce protocole ne permet la formulation d'aucune réserve conformément aux dispositions de son article 17. Pour qu'elle devienne officielle et effective, la levée des réserves de la Tunisie doit être signifiée par écrit par le chef du gouvernement et adressée au secrétaire général des Nations unies.
A.Z.


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