Ons Jabeur a gagné et c'est très bien. Malek Jaziri éliminé et le coup a été durement ressenti. Mais le tournoi a, encore une fois, connu une très belle réussite!Par les temps qui courent (et même par temps... normaux), il est très difficile de mobiliser un public, des médias, des VIP; de s'occuper dans les moindres détails d'une armée de joueurs (hôtels, déplacements, repas, etc.) et, surtout, de réussir dans cette entreprise. Sur ce plan bien précis, le TCT et son équipe d'organisation ont parfaitement réussi leur pari. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si le public est là et encore moins si les sponsors répondent régulièrement à l'appel. Et pas n'importe lesquels puisque ceux du Nana Trophy et de l'Open de Tunis, c'est du lourd : marques de voitures, parfums, compagnie aérienne et d'autres encore qui prouvent, si besoin est, que quand le support est de qualité, les annonceurs ne se défilent pas. Cela pour dire qu'en dépit des contingences, mais aussi malgré une coupure qui a tout de même duré quelques années, l'Open de Tunis a su renaître de ses cendres et se régénérer depuis qu'un certain Mohamed Ben Smaïl (que nous saluons) a eu l'idée géniale de le lancer en un lointain 1985 (si nos souvenirs sont bons). Un phénomène nommé Ons Jabeur Déjà, l'année dernière, Ons Jabeur a créé la grosse sensation en atteignant la finale. Depuis, on a un peu perdu celle qui a été victorieuse de Roland-Garros juniors. Quelques blessures, changement de coach puis quelques bonnes nouvelles qui nous parvenaient de-ci de-là faisant état d'une Ons qui se payait quelque joueuse bien placée au classement WTA. Cette fois-ci, elle a fait encore plus fort : seconde finale consécutive avec, au bout, une superbe victoire. Plus que jamais, Ons Jabeur a mérité son surnom de Ons nationale. A près de 19 ans qu'elle aura fin août, Ons Jabeur a illuminé le Nana Trophy et l'Open de Tunis. De mémoire de férus de balle jaune, jamais le Central n'a autant frémi de plaisir et de fierté. Il aura suffi de deux tournois, une finale perdue et une autre remportée haut la main pour que Ons Jabeur réhabilite l'honneur perdu de notre tennis et réalise le rêve de centaines de concitoyennes qui ont caressé ce rêve, sans jamais le réaliser. D'ailleurs, nous ne pouvons pas ne pas nous arrêter sur ce point. Avec la victoire de Ons Jabeur, l'Open de Tunis a pris une autre dimension qui nous interpelle et nous apostrophe et qui est la raison même de toute notre colère antérieure, actuelle et future : pourquoi si tard? Pour rencontrer régulièrement dans les allées du Tennis Club et ailleurs des parents frustrés, des joueurs et des joueuses de talent mais qui «n'arrivent» jamais et qui se font éliminer aux premiers tours des qualifications, nous pouvons affirmer que des Ons Jabeur, il y en a d'autres dans notre tennis. Ce qui manque, c'est une fédération, des responsables, un projet et des ambitions. Les moyens? Ils sont bel et bien là mais il n'y a pas les hommes et les femmes pour aller les chercher... Fermons la parenthèse pour la rouvrir plus tard... Malek Jaziri : les raisons d'une élimination précoce Malek Jaziri avait les moyens de remporter le Tennis Open. Il a le talent, la maturité et l'envie. Toutefois, plusieurs facteurs objectifs ont empêché son couronnement et mis un peu un frein à l'engouement du public. Le premier est sans doute son choix d'aller disputer un tournoi au Brésil à la veille de l'Open de Tunis. Pas vraiment la meilleure idée et il aurait bien pu, avec son coach et quelques bons conseils, aller préparer cette échéance importante dans un tournoi européen. Cela pour dire que sa défaite était parfaitement évitable s'il n'a pas eu à souffrir de la fatigue d'un long voyage et du décalage horaire. Dans son mauvais choix et dans son malheur, Malek Jaziri n'a pas été aidé par l'organisation qui aurait bien pu le faire bénéficier d'un jour de repos, comme ce fut le cas pour d'autres. Mais la tentation de faire jouer Jaziri un 1er mai (jour férié), en présence d'un grand public et pour le bonheur des sponsors, a été la plus forte. Avec un gros coup de fatigue et, à l'arrivée, une défaite. Dommage! Son entraîneur, la direction technique de la FTT et l'organisation auraient très bien pu se mettre autour d'une table et régler ce petit problème. Avant et pas après le tournoi. Toujours est-il que la sortie précoce de Malek Jaziri a été un coup dur pour tous. Voici pour le côté cour. Pour notre part, nous nous étonnons que la FTT ne fasse pas grand-chose pour le Nana Trophy et l'Open de Tunis et que nos joueuses et joueurs ne bénéficient pas d'un programme et d'une préparation spécifiques pour l'Open. En plus, bien sûr, du travail et des tournois tout au long de l'année. Le triomphe de Jabeur et la frustration pour l'élimination de Jaziri nous enseignent désormais que ce grand évènement sportif, à la fois national et international, a besoin de championnes et de champions bien de chez nous. Il est grand temps qu'on fasse le ménage au sein d'une FTT qui a hérité de bien mauvais réflexes et de quelque personnage d'un passé trouble et douloureux à la fois...