La Tunisie a-t-elle encore besoin de véhiculer cette image carte-postale pour répondre aux médias français? Lancée lundi soir au Théâtre municipal, la campagne de soutien à la Tunisie (Pour la Tunisie qu'on aime) s'articule autour de deux grands événements. Une première soirée, celle de lundi dernier, donnera suite à une deuxième soirée, de plus grande envergure, le 10 juin à l'Olympia de Paris. Derrière cette action de soutien, dont le but est de donner une image positive de notre pays et de contrer celle véhiculée par les médias français, se trouvent des Tunisiens et des amis de la Tunisie, dont des hommes d'affaires, des associations — principalement Opinion internationale Tunisie — et des artistes. L'événement a également mobilisé de nombreux partenaires et sponsors. L'idée revient à l'homme d'affaires Mehdi Houas, qui avait lancé une pareille campagne en 2011, quand il était à la tête du ministère du Tourisme. Tout ce beau monde a répondu présent au Théâtre municipal lundi soir, si bien que le spectacle n'a pu démarrer qu'avec une heure de retard. Il fallait attendre tous les invités de la Tunisie. Un poète et un guitariste tunisiens investissent la scène. Le deuxième accompagne par la musique la déclamaion du premier qui concernait, bien entendu, notre pays, son histoire et son présent. Deux danseurs et une danseuse viennent illustrer les vers. Le tableau se termine sur l'interprétation d'une version française de l'hymne national tunisien. Ensuite, l'artiste français, né à Tunis, Félix Gray, a chanté son célèbre titre Au café des délices. Né à son tour en Tunisie, Serge Moati est monté sur scène pour donner un témoignage de l'amour qu'il porte pour ce pays où sont entérrés ses parents. Quand Lotfi Abdelli est apparu sur scène, les premiers rires ont jailli dans le public. Avec son énergie et son humour intelligent, il a meublé la soirée et présenté les humoristes qui l'ont suivi, comme le Français d'origine congolaise Phil Darwin, qui est déjà passé par la scène du Théâtre municipal. La soirée a permis d'introduire sur la scène tunisienne des jeunes comédiens tunisiens vivant en France, comme Samia Orosman, Wad Madouri et Nidhal. Pétillants et pleins de bonne volonté, ces jeunes font leurs premiers pas dans un métier des plus difficiles. Leur humour ne dépasse pas les blagues et clichés habituels sur comment les Maghrébins et Tunisiens mangent, vivent et s'expriment. Puis, place au talentueux Guy Bedos, le maître, comme l'a appelé Lotfi Abdelli. Sa prestation était une leçon pour les jeunes humoristes qui l'ont précédé, mais aussi pour le public et les organisateurs. Il a présenté une sorte de revue de presse de l'actualité française et tunisienne pour dire que chez lui, non plus, ça n'allait pas très bien: Taux de chômage en hausse , promesses non tenues et corruption de la classe politique... Son humour était savant et très amer. Il se voyait d'ailleurs comme un vieux clown. C'est vrai qu'il avait un sourire au visage et une larme dans les yeux. Son sketch était une pensée pour les pays qui souffrent, notamment la Syrie, un sketch qu'il a terminé par la phrase de Jacques Brel: «J'ai mal aux autres». Sur scène, il y a eu également le slammeur Hatem Karoui, accompagné de la guitare de Sabry Mosbah. Guy Bedos est revenu pour présenter son célèbre monologue Le raciste. Avec Lotfi Abdelli, ils ont donné le ton qu'il faut à une soirée qui avait du mal à se définir une identité. La Tunisie a-t-elle encore besoin de véhiculer cette image carte-postale pour répondre aux médias français? Souhaitons un meilleur succès pour la soirée de l'Olympia et surtout une meilleure organisation, parce que ce n'est pas avec des événements mal organisés qu'on donnera une bonne image de notre pays.