La culture de l'économie sociale et solidaire (ESS), qui peut constituer une solution fiable aux problèmes de la pauvreté et de l'emploi, fait encore défaut en Tunisie Est-il véritablement possible de concilier économie et solidarité, à l'heure où les marchés se globalisent et les notions de multinationales s'amplifient? Les spécialistes en la matière expliquent que «l'économie marchande a pour but de rechercher du profit et accumuler ainsi les capitaux alors que l'économie solidaire vise en priorité l'homme et table sur ses préoccupations et actions». Cette économie appelée, à la fois sociale et solidaire, «regroupe des initiatives diverses qui reposent sur des projets collectifs, prônant des valeurs humanistes, et ayant pour ambition le bien commun». Cette forme d'économie a commencé à voir le jour depuis plus d'un siècle. En Europe, ce sont les ouvriers eux-mêmes qui ont tenté de s'organiser afin de «répondre à leurs besoins sociaux et mettre en place les premières caisses de secours mutuels, des coopératives de consommation...». Ces actions sont venues remédier à «une carence du service public». Ces ouvriers avaient en tête par ailleurs de «prendre en charge collectivement des risques sociaux non assurés par l'Etat». C'est à partir de ces actions que de nouvelles formes d'entreprises ont été créées comme, par exemple, les crèches parentales, l'épargne citoyenne, la promotion des circuits courts, les entreprises adaptées aux personnes handicapées, les logements pour exclus, l'éducation populaire, l'aide aux personnes, l'accès aux loisirs pour les plus démunis, le recyclage, la protection de l'environnement... L'autre volet important de l'économie solidaire est que «la consommation devienne responsable. Ainsi, le consommateur et l'entrepreneur citoyen partagent alors la même conscience écologiste et les mêmes principes d'équité et de promotion sociale», une manière aussi de rassembler toutes les visions et d'orienter toutes les personnes, actives ou non , vers les mêmes principes. Aussi bien dans le domaine de l'entrepreneuriat que le domaine monétaire et financier, les choses ont connu des changements considérables. Des expériences locales qui suppriment la médiation de l'argent pour réinventer l'échange ont alors coexisté. «Plusieurs initiatives cherchent à redonner du sens aux transactions financières par le biais de moyens de finances et de placements solidaires». Tout placement doit bien servir correctement au financement de quelque chose. Les placements ne sont plus faits à l'aveuglette «Un placement d'épargne finance un investissement dans des activités à forte utilité sociale : insertion par l'emploi, insertion par le logement, développement durable ou solidarité internationale. Les épargnants font le choix de destiner une partie de leur épargne à des fins éthiques et solidaires». Bien que ce concept semble être en plein essor dans plusieurs pays du monde comme la France ou les Etats-Unis, en Tunisie, il ne connaît que de timides débuts. «La culture de l'économie sociale et solidaire (ESS) en Tunisie, qui peut représenter une solution fiable aux problèmes de la pauvreté et de l'emploi, fait encore défaut». Les programmes économiques et sociaux se sont avérés très limités après le 14 janvier. Les richesses n'ont pas été équitablement réparties et le pays se trouve devant l'obligation d'emprunter une nouvelle voie de développement économique et social. Personne ne peut nier que cette économie présente également et essentiellement une forme d'économie de « proximité » orientée vers le développement local. Cela constitue une force motrice pour le développement des activités créatrices, des richesses, ce qui parviendrait à générer de l'emploi. L'économie solidaire constitue une vraie réponse aux crises économiques mondiales et même locales, présentes et à venir.