Le jazzman tunisien se prévaut de trois atouts: belle voix, grand jeu et un instrument par trop spécial, mariant la guitare électrique au ... luth ! Sa prochaine sortie aura lieu le 31 mai en Lituanie. Mais comment, donc, cet éternel inconditionnel d'Oum Kalthoum et de Abdelwaheb a-t-il bifurqué un jour vers le jazz pour en devenir au bout de quelques années l'un des grands maîtres sollicités dans le monde entier ? Certes, la traversée des continents ne s'est pas faite du jour au lendemain, mais aujourd'hui, il joue sur un nom – le sien – devenu carrément une icône de la musique occidentale. Toutes les histoires commencent pareillement, mais n'évoluent pas pour tout le monde de la même manière. Les débuts de Nébil Khémir sont chose classique : imitation des grands maîtres de la chanson arabe (Sombati, Férid Latrach, Abdelwahab...), études au Conservatoire de l'avenue de Paris, un luth à lui offert par son frère aîné pour son 9e anniversaire, perfectionnement auprès du grand Ali Sriti, et plusieurs apparitions à la Télévision tunisienne (chant et jeu de luth). Très nombreux sont les jeunes ayant fait ainsi leurs premiers pas puis le reste de leur carrière. Mais pour le jeune Khémir, le destin en a décidé autrement. A seulement 12 ans, zappant un jour d'une station à l'autre sur son poste radio, il tombe fortuitement sur une suite de morceaux de jazz. Le coup de foudre est immédiat. Nébil est sous le charme et attrape à l'instant le virus de la musique occidentale. Petit à petit, il apprend que les monstres du jazz ont pour nom : George Benson, Joe Pass, Herb Ellis, John Mc Laughlin, Pat Metheny... La nouvelle passion est à ce point irrésistible que l'adolescent ne tarde pas à troquer son luth contre une guitare. Mais à contrecœur, lui qui, malgré tout, est resté viscéralement attaché à la musique arabe. Chez lui, en solo, il attaquera son propre apprentissage. Déjà très doué pour la langue de Shakespeare, il fredonnera les tubes de Michael Jackson, Ray Charles, George Benson, avec une prédilection pour Charlie Parker. Mais que faire de la musique arabe, son registre d'origine ? Le dilemme est si préoccupant qu'il ne trouve pas mieux que de réunir, en un seul instrument, et la guitare et le luth. Consécration C'est aux Pays-Bas, en 2004, qu'il se fera monter ce modèle à double manche, unique en son genre, baptisé ‘‘Ray Jam''. Puis, il se fera écrire des paroles qu'il composera lui-même. Une grande carrière va commencer. Sa première véritable apparition en public a lieu en 2005 au festival de Carthage, puis il enchaînera avec les principaux festivals de Tunisie, dont, évidemment, le festival de jazz de Tabarka. En 2007, sans crier gare, il participe, à distance, au concours de la musique américaine avec un album dont un titre, Parfum d'Orient et d'Occident, lui vaudra, mine de rien, le « Honnor Award» sur un total de 2.000 candidats d'une quarantaine de pays. Du coup, la même année, il se voit inviter à se produire au festival de Pennsylvanie et signe avec la société de production Blues Can Noe Records un album qui, durant tout un mois, restera en tête des ventes aux USA. Depuis, Nébil Khémir est souvent invité au Portugal, au Maroc, en Egypte, en Hollande, etc. Il est attendu le 31 mai 2013 au festival international de jazz de Klaïpeda, en Lituanie.