Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises par les ministères de l'Intérieur et de la Défense, en prévision du 3e congrès d'«Ansar Echariaâ» prévu demain à Kairouan, avant d'être interdit par le ministère de l'Intérieur Tout sur le programme du congrès Branle-bas, ces jours-ci, aux ministères de l'Intérieur et de la Défense où les séances de travail se poursuivaient encore hier, en vue d'arrêter les mesures préventives qui s'imposent, à la veille de la tenue, demain à Kairouan, du 3e congrès du mouvement salafiste radical d'Ansar Echariaâ bravant l'interdiction que vient d'opposer le ministre de l'Intérieur à sa tenue. Un congrès qui s'annonce particulièrement chaud et, dans le jargon sécuritaire, «à hauts risques», et cela pour au moins trois raisons, à savoir : – Primo : ses organisateurs ont «juré» de le tenir. Advienne que pourra ! – Secundo : il survient au plus fort du bras de fer qui oppose ce mouvement à celui d'Ennahdha. – Tertio : l'hypothèse de voir ce rendez-vous dégénérer en incidents, ou s'achever en queue de poisson, est loin d'être écartée. Kairouan en ébullition De surcroît, les services de sécurité n'ont pas caché leur inquiétude face aux risques de débordement qui pourraient résulter de l'affluence salafiste qu'on dit record vers la ville des Aghlabides. Il est vrai que Abou Iyadh qui rêve, dit-on, d'une réussite exceptionnelle de ce congrès, a sorti son artillerie lourde dans un prodigieux effort de mobilisation de ses fidèles appelés à «investir Kairouan en vagues incessantes». Une marée humaine qui y sera déversée par voitures, camions et bus interposés et provenant pratiquement de toutes les régions du pays. Si les services de sécurité prévoient la présence de 30 mille salafistes, les organisateurs tablent, eux, sur le double ou presque, sans compter la surprenante offensive de charme lancée par ces derniers auprès des... supporters des plus grands clubs sportifs que compte la République, pour venir... enflammer ce congrès et lui apporter le «plus populaire» escompté et ardemment désiré ! Toujours volet décor, nous apprenons que les salafistes, outre les centaines de leurs drapeaux noirs qu'ils arboreront et les nombreuses banderoles qu'ils afficheront, s'amèneront à Kairouan munis d'importantes quantités de produits alimentaires, d'eau minérale et de boissons. A l'intérieur des tentes qu'ils comptent planter à l'occasion se côtoieront livres de théologie, tracts, affiches, dépliants, gadgets, etc., le tout faisant l'éloge du mouvement et vantant «les vertus du salafisme». Des slogans et des portraits d'Abou Iyadh et de ses hommes encore en prison ou décédés seront de «la fête black», aux côtés des discours à prononcer. Par ailleurs, des bodyguards choisis parmi la nouvelle vague des «macistes salafistes» seront omniprésents pour monter la garde devant les principaux «points de contrôle», afin d'empêcher l'accès des intrus et autres «mécréants» parmi les partis politiques, les représentants de la société civile et, évidemment, les journalistes ! Mesures de sécurité exceptionnelles En y voyant de plus près, on aboutit à la conclusion que la ville de Kairouan, qui commence déjà à accueillir les premiers contingents et convois salafistes, sera sans doute en ébullition demain. C'est pourquoi des mesures de sécurité qu'on dit exceptionnelles ont été conjointement prises par les ministères de l'Intérieur et de la Défense. Elles consistent notamment en : – L'envoi d'importants renforts en hommes et en logistique pour prêter main forte aux forces de sécurité et à l'armée opérant sur place. – L'imposition d'un contrôle policier rigoureux à tous les points d'accès à la ville et sur tout le réseau routier y conduisant. Pièces d'identité et véhicules seront ainsi passés à la loupe, pour se prémunir contre tout effet indésirable. – L'instauration d'une surveillance plus accrue de l'espace aérien de la ville. – La mobilisation d'importantes unités de la Protection civile. Abou Iyadh, le grand absent Ainsi, Kairouan sera sous haute surveillance, même si la «crainte» de voir Abou Iyadh de la partie s'est vite dissipée, ce dernier ayant décidé de... déclarer forfait pour sauver sa peau vivement réclamée par la police. Mais, pour un flic averti, «cet homme pourrait faire le voyage de Kairouan en filant un... niqab pour passer inaperçu». De toute façon, avec l'homme le plus recherché en Tunisie, tout est possible. Congrès d'Ansar Echariaâ à Kairouan : Autorisation refusée Le ministère de l'Intérieur décide d'interdire le congrès d'Ansar Echariaâ (partisans de la charia islamique) prévu dimanche, 19 mai, à Kairouan.