L'utilisation de matériaux de construction traditionnels est toujours en vogue pour la restauration et la réfection permanente des vieilles demeures, des zaouias et des mosquées avec leurs éléments architectoniques spécifiques et leurs belles façades répondant aux caractéristiques architecturales d'une ville classée patrimoine mondial. D'où l'importance des gallalas (fours à briques traditionnels) qui existent à Kairouan depuis très longtemps et qui ont aidé à sauvegarder le cachet de Kairouan. Or les gallalas ont été transférés de différents endroits à d'autres à cause de la pollution qu'ils provoquent et de l'extension urbaine. Situés actuellement près de l'ancienne route de Sousse, ils fournissent la brique civile dont la préparation se fait au soleil et avec le fumier, les variantes de carrelages préparées sans fumer et à l'ombre, la pierre à chaux destinée à fournir de la chaux vive. Or, l'emplacement actuel de ces ateliers ne répond pas aux critères techniques souhaitables, vu la mauvaise qualité de l'argile due à une terre très saline, ce qui se répercute négativement sur le rendement de ce secteur artisanal. M.Hdhili Brini, 84 ans, qui fait travailler au sein de son atelier 6 ouvriers, et ce, depuis une trentaine d'années, nous dit que le nombre des artisans qui possèdent des ateliers au sein de ces gallalas est passé de 25 dans les années 80 à 5 aujourd'hui : «En outre, on se plaint du prix élevé de la pierre et des combustibles (déchets de distillation du romarin, grignon d'olive etc. et du manque de main-d'œuvre, contrairement au prix de vente de la chaux et des briques qui n'a pas tellement évolué. D'ailleurs 1.000 briques coûtent 100D et 4 kg de chaux coûtent 4D. Par ailleurs, nous produisons en moyenne 18 fournées de chaux et de brique par an et nous écoulons notre production non seulement à Kairouan pour les besoins de la commune, de l'ASM et des boulangeries, mais aussi à Sfax, à Sousse, à Monastir, à Msaken et à Nabeul pour la chaux vive. Je souhaiterais dans ce contexte la création d'un Amine pour évlauer le coût réel de la production et de la vente de la chaux et des briques ainsi que l'octroi de primes de soutien aux artisans, et ce, afin d'éviter les spéculations. Après tout, nous permettons à la Médina de garder son authenticité tout en évitant l'architecture bâtarde au niveau des matériaux modernes qui ne répondent pas toujours aux normes de l'architecture traditionnelle».