De notre envoyé spécial à Cannes Salem TRABELSI L'un des événements les plus importants qui accompagnent, chaque année, la compétition au festival de Cannes, est le Producers network. En deux mots, il s'agit d'une rencontre quotidienne entre producteurs du monde entier pour étudier les films de demain, encore sous forme de projets. Lancé en 2004, le Producers network a organisé, durant le festival de Cannes, toute une série d'activités pour favoriser les contacts entre producteurs, permettre des échanges fructueux et encourager le financement de coproductions internationales. Avec un programme donnant à ses participants les clés indispensables pour évoluer dans un marché à la fois dynamique et concurrentiel, cette 9e édition du «Réseau des réseaux» a accueilli jusqu'à mercredi 22 mai, date de sa clôture, quelque 600 producteurs venus de tous les horizons, selon Julie Bergeron, directrice du Producers network. «200 personnes, environ, ont pu participer, chaque matin, à des petits déjeûners professionnels auxquels ont également été conviés des invités d'expérience, porteurs d'une expertise de la production et du financement international, des distributeurs, des studios indiens ou américains, ainsi que des producteurs indépendants européens», d'après la même Bergeron. Un réseau qui n'a pu vraiment décollé que depuis les trois dernières années, mais qui semble faire ses preuves. «Il y a trois ans, le Producers network a créé un autre réseau «hors des murs» du festival de Cannes, au festival du Film de Guadalajara, au Mexique. D'ailleurs, nous travaillons beaucoup avec l'Amérique latine», poursuit Julie Bergeron à propos des partenariats établis par le Producers network. Et de poursuivre : «Nous avons également noué des liens très forts avec l'Atelier de la Cinéfondation. Les producteurs qui y sont présents peuvent aussi participer au Producers network... Cela sans compter la mise en place d'un partenariat avec Producers on the Move, une grande initiative lancée par Claudia Landsberger, à travers la European Film Promotion» Il est à noter que les producteurs tunisiens ne sont pas présents en force dans ces réunions quotidiennes de networking, car les critères de sélection sont drastiques et liés à un nombre précis de participants. Pour l'année 2013, seuls trois de nos producteurs ont été conviés à ces rencontres matinales, à savoir Habib Attia (Cinétéléfilms), Latifa Doghri (Machmoum productions) et Mohamed Ali Ben Hamra (Polimovie). Pendant la durée du Producers network, les nouveaux projets des Tunisiens ont été présentés devant ce parterre de professionnels et, d'après les informations qui nous sont parvenues, ils n'ont pas manqué de séduire. Aussi y a-t-il des accords de coproduction qui se dessinent, ce qui est plus qu'une nécessité pour les producteurs tunisiens qui, en attendant le démarrage du Centre national du cinéma et de l'image (CNCI), doivent trouver des partenaires pour boucler le financement de leurs projets. Mais si les films tunisiens en gestation ont pu trouver quelques probables brèches financières, ce n'est pas le cas des autres films arabes ou africains dont les sujets restent peu intéressants pour les producteurs, surtout ceux qui viennent du continent américain et même de l'Europe. Pourquoi cela ? «Parce que notre monde est encore très loin du leur. Le fossé se creuse de plus en plus entre nos deux imaginaires et nous devons, tout le temps, trouver des histoires qui puissent séduire les producteurs et qui se vendent bien, sans perdre de notre originalité et nos spécificités . C'est là l'équation la plus difficile. Malheureusement, dans les pays arabes, c'est le côté créatif et narratif qui manque, même si on a des histoires extraordinaires à raconter au monde», selon le producteur jordanien Jasser Wassal. Le réseau du Producers network aura au moins servi à certains producteurs de se remettre en question et de connaître ce que veut vraiment le marché international.