«La stabilisation du dinar est tributaire de la croissance et du climat des affaires», résume le gouverneur de la BCT Le glissement continu de la valeur du dinar avait corrigé les contre-performances d'un modèle économique en souffrance, depuis plus d'une décennie. En effet, un dinar de plus en plus faible avait supporté la compétitivité des exportateurs tunisiens et transformé la Tunisie en une destination low-cost accessible à de nouveaux marchés. Mais la dégringolade du dinar semble dépasser toutes les limites. Car, dans la durée, un dinar plus faible génère, en réalité, une dégradation du pouvoir d'achat des ménages, un fléchissement de la compétitivité des entreprises, qui importent leurs intrants de plus en plus chers et perturbe les comptes de l'Etat, ainsi que ses équilibres macroéconomiques. Dans cette mesure, la dernière baisse du dinar a alimenté les craintes de tous les agents économiques, à savoir le citoyen, le producteur et l'Etat. S'exprimant sur les causes du dernier creux dans la courbe du dinar, M. Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, a rappelé que la valeur du dinar se joue, principalement, sur le marché interbancaire, via l'offre et la demande des devises et du dinar entre les banques de la place. «Nous ne sommes que des ajusteurs», souligne-t-il. Pour la semaine du 6 au 10 mai, la forte demande de devises, environ 350 millions de dollars, selon le gouverneur, avait perturbé le marché. En effet, avec la baisse des réserves en devises, explique-t-il, quelques banques ont spéculé sur la valeur du dinar. Et la spéculation était plutôt facile, puisque ces demandes étaient concentrées dans certains dossiers d'entreprises qui comptent régler des importations de pétrole ou de matières premières, ou encore le rapatriement à l'étranger des revenus de certaines entreprises, dont le cas Tunisiana avec une enveloppe de 100 millions de dollars. Pour arrêter cette petite bulle spéculative, «la BCT a injecté 650 millions de dinars pour stabiliser le marché», rappelle le gouverneur. Objectif atteint. Mais, ce n'est que momentanément. D'ailleurs, on a beau mettre en place toutes les mesures pour inverser la tendance baissière du dinar, mais sans le rétablissement de l'économie nationale, la baisse est inévitable. A cet égard, le gouverneur a rappelé que les origines de cette baisse du dinar remontent aux années 2000. «La valeur du dinar reflète les fondamentaux de l'économie, mais aussi la situation politique et sécuritaire du pays», ajoute-t-il. La révolution n'avait fait qu'accélérer la dépréciation. Ses effets collatéraux, notamment l'incertitude politique et le climat d'insécurité, ont pesé lourd sur l'économie nationale et, de facto, sur la valeur de la monnaie nationale. Plus précisément, la valeur du dinar évolue au rythme des investissements et de la demande des produits nationaux. «La stabilisation du dinar est tributaire de la croissance et du climat des affaires», résume M. Ayari. «Et à l'heure actuelle, on passe par des turbulences, donc il faut serrer les ceintures», ajoute le gouverneur de la BCT.