• Pendant la période allant du 6 au 10 mai courant, la demande d'achat des devises a atteint au moins 300 millions de dollars dont 100 millions de dollars distribués par l'opérateur téléphonique Tunisiana sous formes de dividendes • Le climat politique, la menace terroriste parmi les causes de dépréciation du dinar On en parle depuis quelques jours. Et cela ne cesse de compliquer la situation. La dépréciation du dinar Tunisien par rapport à l'euro et le dollar alimente encore les polémiques, de telle sorte que certains pensaient déjà que l'Etat s'engage (il s'est engagé d'ailleurs) dans un processus de dévaluation du dinar. La BCT démenti, quelques ministres du gouvernement de Laârreydh qui se trouve actuellement au Qatar, réagissent à leur tour. La dépréciation du dinar est causée par le climat politique et économique actuel, provoqué aussi à son tour par les approches relatives de l'ancien gouvernement et l'absence d'un vrai « meneur d'homme charismatique » dans le gouvernement actuel. Du côté de la BCT, on impute cette dépréciation à une série de facteurs d'ordre économique, politique et même sécuritaire ayant rapport avec ce qui se passe au Mont Châambi ainsi que les menaces provoquées par ces dits Ansaar Al Chariâa Les tensions politiques sont également évoquées. Ainsi, le taux de croissance économique réalisé durant le premier trimestre de l'année en cours 2,7% est largement inférieur aux prévisions. On impute également cette dépréciation du dinar à une inflation qui persiste malgré tout et qui frôle les 6,4%. On remet certes en cause, la forte demande d'achat de devises. Pendant la période allant du 6 au 10 mai courant, la demande d'achat des devises a atteint au moins 300 millions de dollars dont 100 millions de dollars distribués par l'opérateur téléphonique Tunisiana sous formes de dividendes. 100 millions de dollars de dividendes ? Les achats des grandes entreprises tunisiennes ont également pesé sur les devises du pays. La Société Tunisienne d'Electricité et du Gaz, (STEG) a totalisé durant cette période des achats de 57 millions de dollars. La Société Tunisienne des Industries de Raffinage, (STIR) quant à elle, elle a dépensé environ 60 millions de dollars pour ses achats. Cette forte demande d'achat en devises a créée ainsi une bulle alimentée par la spéculation et la demande additionnelle des banques en devises étrangères. Selon les responsables à la BCT, la tendance est à la stabilisation, le 16 mai au soir. On affirme également que la monnaie Tunisienne a été ramenée à un taux correct. L'inflexion fait ainsi que le dinar s'échange à 2,13 par rapport à l'euro contre 2,22 quelques jours auparavant et 1,65 par rapport au dollar contre 1,7 durant les derniers jours. Pas d'inquiétudes alors ? D'autres explications Le ministre des finances répond dans une déclaration à notre consœur mosaïque Fm, qu'il ne fallait pas s'inquiéter pour la dépréciation du Dinar tunisien. Pour Elyes Fakhfekh, cette dépréciation est due à l'inflation monétaire et à la situation politique du pays. A l'instar des propos recueillis auprès des responsables de la BCT, Fakhfakh précise que le gouvernement est en train d'étudier des solutions pour arrêter cette dépréciation. Mustapha Kamel Nabli, ancien gouverneur de la Banque Centrale estime pour sa part que la dépréciation du dinar est due principalement au climat d'instabilité qui sévit dans le pays. Dans une déclaration accordée à notre confrère AfricainManager, il pense que ce climat menace sans doute l'activité économique d'un pays en phase de transition. Autre explication : Cette foi-ci avancée par Mohammed Ben Salem, ministre de l'Agriculture qui voit- dans une déclaration au journal Al Moussawar , que la dépréciation du dinar tunisien par rapport à l'euro est la faute des fonctionnaires qui n'ont pas accordé l'attention requise aux grandes opérations de retrait des devises. La portée d'une dépréciation ! Les explications divergent. Mais elles convergent dans le même sens. Aujourd'hui la dépréciation du dinar pourrait inquiéter les autorités, les opérateurs économiques qui importent en euros. L'Etat également serait touché en voyant la valeur de ses importations en hausse progressive ce qui pourra creuser encore le déficit de la balance commerciale, en cas où les exportations tunisiennes ne reprennent pas leur rythme habituel, pour finalement, profiter de la dépréciation du dinar entre autres l'augmentation de leurs recettes. C'est dire, qu'avec la dépréciation du dinar, les prix à l'exportation baissent tandis que les prix à l'importation augmentent pour finalement décourager les importations et améliorer le solde de la balance commerciale. Cette dépréciation aurait également des retombées négatives sur le coût de la dette extérieure du pays libellée à 60% en euro. Cette dépréciation risquerait également de générer ce qu'on appelle souvent une «inflation importée». Une inflation causée par l'augmentation des coûts des produits importés, principalement les matières premières, les pièces de rechanges… Quoi qu'il en soit, la valeur du dinar est et reste tributaire de la situation politique du pays. Zied DABBAR La réserve obligatoire sur les crédits à la consommation sera supprimée sous condition Selon la Banque centrale de Tunisie (BCT) la réserve obligatoire additionnelle sur les crédits à la consommation sera supprimée dès que le taux de couverture trimestriel sera supérieur ou égal à 110%. Cette décision intervient suite à l'amélioration enregistrée au cours du premier trimestre 2013, au niveau de la couverture des importations par les exportations. A rappeler qu'en octobre 2012, la BCT avait invité les banques, par circulaire, à constituer une réserve additionnelle égale à 50% de l'accroissement des crédits à la consommation, et ce, par référence à l'encours enregistré à fin septembre 2012. Cette décision s'inscrit dans le cadre des mesures prises par la BCT pour contenir la détérioration du déficit de la balance commerciale observée durant les 9 premiers mois de 2012. Que se passe-t-il ailleurs ? A travers le monde, les dépréciations des monnaies locales créent des polémiques. On s'inquiète pour ce phénomène de dépréciation, mais on s'inquiète plus même pour l'appréciation d'une monnaie. Le cas de l'euro semble un cas de figure. D'ailleurs, un euro fort représente un handicap pour les exportations de certains pays européennes dont notamment la France qui souhaite que la zone euro ait une politique de change pour éviter une trop forte appréciation de la monnaie européenne face au dollar et au yen. Les exportations industrielles françaises ont selon des experts un intérêt fort à une dépréciation de l'euro, contrairement à l'Allemagne qui peut supporter une hausse de l'euro allant même à 1,94 dollar pour un euro. Tout simplement, l'euro fort fortifie les forts et affaiblit les faibles.