Le coup d'envoi de la 20e édition des Journées du cinéma européen a été donné, mardi 28 mai 2013, au CinéMad'art à Carthage. Venus nombreux pour assister à l'ouverture de ce festival, devenu tradition, les spectateurs ont pu découvrir le film français Ombline, premier long métrage de son auteur et réalisateur Stéphane Cazes. Un film fort émouvant au discours réaliste qui vous prend par la main pour vous immerger dans le milieu carcéral féminin, en s'intéressant plus particulièrement au sort des femmes qui accouchent en prison. Le film pose des questions que tout le monde a dû un jour se poser sur le sort de ces détenues nouvellement mamans, sur les conditions dans lesquelles naissent leurs bébés et surtout sur leur avenir post-carcéral. Stéphane Cazes, lui, s'y est intéressé de plus près à travers son bénévolat dans des prisons françaises et c'est ce qui lui a inspiré l'émouvante histoire d'Ombline. Celle d'une jeune femme d'une vingtaine d'années, incarcérée pour trois ans de prison pour avoir blessé un policier lors d'une intervention policière où son compagnon a trouvé la mort. En prison, elle découvre qu'elle est enceinte et donne naissance à Lucas. Elle doit apprendre à l'élever et à devenir mère . A 18 mois, et comme la loi française l'exige, l'enfant est placé dans une famille d'accueil. Séparée de son fils, évoluant avec des femmes essoufflées par la vie en prison, surveillantes ou prisonnières, la maternité devient une sorte de rédemption pour elle. Ombline apprend à se reconstruire en tant que femme se nourrissant des vécus des autres mères détenues. Pourtant, rien n'est de son côté, 20 ans et déjà veuve, récidiviste et n'a pas de famille, en plus d'être une détenue opiniâtre, ce qui lui attire l'antipathie et l'animosité de certaines surveillantes et autres prisonnières. Elle doit faire face à toutes sortes de pressions et se battre dans le seul espoir de récupérer la garde de Lucas à sa sortie de prison. Le film est un prétexte pour parler du milieu carcéral féminin et mettre à nu ses défaillances, résumées à merveille par une des répliques d'Ombline, campée par une éloquente Mélanie Thierry, qui, s'adressant à un juge, lance : «Ici, on ne veut pas que vous vous preniez en main; ici, vous n'avez pas le choix», a failli tomber dans le pamphlet social cru, sauvé par sa grande portée humaniste, notamment, grâce à des plans d'une poésie saisissante, sortes d'arrêts sur images ou de brèches dans le temps où les plans sont serrés sur la mère caressant affectueusement son enfant. Des plans qu'on aurait souhaité plus présents pour atténuer cet aspect un peu trop bavard du film et pour nous faire oublier ce renvoi un peu simpliste au récit biblique (Noé et le Déluge). A trop vouloir parler de ce milieu, le réalisateur a voulu aborder plusieurs problèmes à la fois, à l'instar de la violence entre détenus, de la toxicomanie, du trafic de substances illicites à travers les portraits des autres détenues qui tournent autour du récit d'Ombline, au risque de s'éparpiller des fois et d'étirer un peu le film qui aurait pu être plus allégé. Heureusement que Ombline ne tombe pas pour autant dans le pathos et on en sort, aucunement, indifférent, on pense à nos mères, à nos enfants et on se rappelle surtout que les détenus sont des citoyens à part entière et qu'ils doivent être traités en tant que tels. Le programme Tunis Le Parnasse 18h30 : Goethe (Allemagne) CinéMad'art 20h30 : Boby (Tunisie) 21h00 : El Gusto (Algérie) Sousse Centre culturel de Sousse 18h00 : Mouja (Tunisie) 18h30 : Philanthropique (Roumanie) Sfax Maison de la culture d'El Hincha 18h00 : Cul de bouteille (France) 18h30 : Nous sommes ici (Tunisie) Gafsa Maison de la culture «Ibn-Mandhour» 19h00 : Ouverture avec Dark blue world (République tchèque)