Sur fond de différends au sein d'Al Jomhouri, l'une des composantes de l'Union pour la Tunisie, l'instance supérieure de cette dernière, a présenté hier son évaluation du projet de Constitution. Une situation qui nécessite des éclaircissements et une remise des pendules à l'heure... Après certaines tergiversations constatées dernièrement dans les déclarations mais aussi dans les positions de certains partis de l'Union pour la Tunisie (UPT), qui se sont même contredites notamment dans leur appréciation du projet de Constitution, voilà qu'hier l'instance supérieure de l'UPT a décidé d'unifier ses positions politiques. En effet, la réunion, dont une foule de médias a attendu les résultats trois heures durant, hier matin aux bureaux d'Al Jomhouri au centre-ville de la capitale, a porté sur la dernière version du projet de Constitution qui sera examinée par l'Assemblée nationale constituante d'ici quelques jours. Présentant une position commune des différentes composantes de l'Union, le président du haut comité politique du parti Al Jomhouri, Ahmed Nejib Chebbi, entouré autres grandes figures de l'UPT à l'instar de Béji Caïed Essebsi, Taïeb Baccouche, Maya Jeribi et Samir Taieb, a indiqué que cette réunion a servi pour formuler une opinion commune que tous les partis, faisant partie de l'UPT, vont devoir respecter. Dans une atmosphère un peu tendue, le député de Nida Tounès, Khmaïes Ksila, a lu le contenu du communiqué sur lequel a débouché la réunion. Dans ce sens, on notera que les présents à cette réunion ont préféré ne pas donner de déclaration, comme s'il y avait un mot d'ordre dans ce sens. Dans son communiqué, l'Union pour la Tunisie a, en premier lieu, affirmé sa valorisation de l'évolution enregistrée dans la dernière copie du projet de Constitution, notamment en matière de régime politique, de la liberté de conscience, de droit de grève, d'universalité des droits de l'Homme et de constitutionnalisation des lois. Une confirmation valorisante du projet de Constitution telle qu'elle a été formulée par les leaders d'Al Jomhouri dernièrement. Par contre, l'Union pour la Tunisie a annoncé qu'elle refuse des défaillances majeures concernant les dispositions de l'article 30 dans son deuxième paragraphe «qui restreint la liberté d'opinion, de pensée, d'expression, de presse et d'édition», et idem pour les dispositions de l'article 73 quant à son conditionnement de la candidature pour la présidentielle par un âge maximal, ce que l'UPT refuse. Cette dernière a refusé aussi les dispositions du chapitre relatif au pouvoir judiciaire dont la composition du Conseil supérieur de la magistrature et l'indépendance du ministère public. La dernière «défaillance» énumérée et refusée par le communiqué de l'UPT, dans son communiqué, concerne les dispositions de l'article 176 relatives aux prérogatives du président de la République par rapport à celles du chef du gouvernement. La saga de déclaration n'en finit pas L'Union pour la Tunisie a refusé, sur un autre plan, les dispositions transitoires prescrites dans le chapitre dix de ce projet de Constitution les considérant comme «des dispositions parachutées qui vident la Constitution de son contenu». L'UPT appelle, dans cette perspective, à créer une commission constitutionnelle pour se charger de l'étude de ce chapitre. Khmaïes Ksila, de Nida Tounès, nous a affirmé que le chapitre dix de la Constitution est dangereux puisqu'il a été formulé individuellement par le rapporteur de la Constitution au sein de l'ANC, Habib Khedher, a-t-il accusé. D'après lui, le danger est que ce chapitre sera utilisé comme référence pour les diverses lois qui seraient adoptées en phase post-électorale. L'évaluation du projet de la Constitution s'avère plutôt positive du côté de l'UPT, qui a appelé, à l'occasion, toutes les composantes de la société civile et politique à la reprise du dialogue national afin de parvenir à des consensus quant aux questions qu'elle a évoquées comme défaillances dans son communiqué. D'autre part, Ahmed Nejib Chebbi a affirmé que l'UPT rend hommage aux forces de la sécurité nationale et l'armée pour les efforts qu'elles fournissent et leurs sacrifices dans le but de défendre la souveraineté du pays et sa sécurité. Par ailleurs, et alors que les choses semblent avoir retrouvé l'ordre au sein de l'UPT, les déclarations controversées continuent. En effet, dans une déclaration au quotidien Le Maghreb, publiée hier, Saïd Aïdi, membre du bureau directeur d'Al Jomhouri, a indiqué que «les positions de Maya Jeribi appuyée par Issam Chebbi, à propos du dernier projet de Constitution, ne les engagent qu'eux, en leur qualité de députés de l'ANC et ne représentent pas la position officielle d'Al Jomhouri», a-t-il lancé à propos de la secrétaire générale et du porte-parole de son parti. Aïdi, tout en soulignant que son parti n'a pas encore réuni ses structures pour donner une position officielle quant à cette dernière copie du projet de Constitution, a estimé qu'elle ne représente pas l'esprit de la révolution et ne répond pas à un nombre de revendications principales dont la justice sociale, l'emploi et la protection des libertés. D'après lui, il n'y a pas de différends au sein d'Al Jomhouri et qu'il est normal qu'il y ait des avis différents tant que le parti n'a pas encore donné de position définitive au sujet de la Constitution dans sa dernière version.