Par notre envoyé spécial à Berlin Jawhar CHATTY En visite officielle hier en Allemagne, le chef du gouvernement, Ali Laârayedh, a été reçu avec les égards dignes d'un chef d'Etat. Lors du point de presse tenu à cette occasion, la chancelière allemande, Angela Merkel, n'a, en guise d'introduction, pas d'ailleurs manqué de dire que Ali Laârrayedh a souffert en personne de la dictature, osant même faire un certain parallèle avec les prisonniers politiques de l'ancienne Allemagne de l'Est... Tout un symbole. La chancelière allemande a également fait référence à la période de la réunification allemande comme pour mieux souligner qu'elle comprend les difficultés inhérentes aux périodes de transition. «L'Allemagne a, dit-elle, dès le début clairement affiché son soutien à la Tunisie et elle est déterminée à renforcer son appui, notamment dans les domaines de la gouvernance et de l'assistance aux cadres de l'Etat tunisien, aux secteurs des énergies renouvelables et de la formation professionnelle». Angela Merkel a également indiqué que l'Allemagne suit avec beaucoup d'intérêt la finalisation de la nouvelle Constitution tunisienne dont elle juge le contenu «positif» même si elle formule le vœu de voir cette Constitution répondre aux aspirations du peuple tunisien en termes de liberté, de droits de l'Homme et de démocratie. Partenariat de transition Qualifiant le partenariat tuniso-allemand de «partenariat de transition», la chancelière allemande a souligné qu'il existe actuellement environ 100 programmes communs de coopération et 270 entreprises allemandes opérant aujourd'hui en Tunisie et que les perspectives de développement de l'investissement allemand en Tunisie sont prometteuses. Le chef du gouvernement a, de son côté, relevé le trait «remarquable» des relations tuniso-allemandes, rappelant à ce titre le soutien politique, économique, financier et technique allemand à la Tunisie et au processus de transition, ainsi que la décision allemande de reconvertir une partie de la dette tunisienne en projets d'investissement dans les régions intérieures de la Tunisie. Le chef du gouvernement est également revenu sur les programmes allemands de soutien au secteur de la formation professionnelle, qui, dit-il, fort de l'expérience allemande mondialement reconnue dans ce domaine, vont permettre de repenser toute notre politique de la formation professionnelle. La formation professionnelle semble d'ailleurs être un des axes forts autour desquels se sont focalisées les rencontres de la délégation tunisienne avec les responsables allemands... Même s'il n'a échappé à personne que les questions d'ordre politique et d'ordre sécuritaire ont été au centre de la rencontre entre le chef du gouvernement tunisien et la chancelière allemande. En réponse, en effet, à une question d'un journaliste au sujet du danger salafiste en Tunisie, le chef du gouvernement a affirmé que «la majorité salafiste en Tunisie est pacifiste. C'est une minorité qui exerce la violence et face à laquelle le gouvernement est intransigeant». Du temps au temps Un message qu'il a du reste tenu à faire passer auprès de la sphère allemande de l'investissement, lors d'une réunion d'affaires organisée, dans la matinée d'hier, par la Chambre arabo-germanique du commerce et de l'industrie. «En dépit des difficultés, on avance, dit-il, à pas sûrs. Il faudrait savoir donner du temps au temps». Ce n'est, à cet égard, pas par hasard que le chef du gouvernement a, en présence de Burg Bacher, sécrétaire d'Etat allemand en charge des dossiers économiques, relevé que la Tunisie a accueilli 6 millions de touristes en 2012 et que ce chiffre peut être dépassé en 2013, et qu'aucune entreprise allemande présente en Tunisie n'a à aucun moment envisagé de partir, bien au contraire : les entreprises allemandes ont entrepris des programmes d'extension de leur activité. «C'est là une décision sage», a appuyé Burg Bacher. Le secrétaire d'Etat allemand a, à ce titre, évoqué «des perspectives positives» pour l'investissement en Tunisie dans les secteurs des énergies renouvelables et du tourisme. A ce titre, il n'exclut guère une progression, à moyen terme, de 10% du marché touristique allemand à destination de la Tunisie.