Par Abdelhamid GMATI Douze plages ont été interdites à la baignade, cet été, par le ministère de la Santé. Il s'agit des plages de Raoued (sur 500 mètres à partir du canal vers le nord à Oued Hessyane), Ben Arous (au versant des oueds Mghirat et Boukhamsa), Ezzahra, Hammam-Lif (rue Aziza-Othmana), Zarzouna (Aïn Kobtra), Menzel Jemil (Maâli), Menzel Abderrahman (port de pêche), Souassi, Oued Hallouf et le littoral à proximité de l'ancien abattoir et en face de la société Sotubois à Monastir. En cause la pollution due aux rejets d'eaux usées, les rejets industriels et les ordures ménagères. Le phénomène n'est pas nouveau et il y a eu régulièrement l'interdiction de baignade sur certaines plages ; cela s'est amplifié. Pourquoi ? Il est évident que l'environnement semble être «l'enfant pauvre de la Révolution». A l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, le 5 juin, le ministre de l'Equipement et de l'Environnement a dressé, sans complaisance, un tableau alarmant de la situation de l'environnement (voir La Presse du 5 juin), due à plusieurs défaillances et négligences, existant déjà dans le passé et qui se sont accentuées avec la Révolution. Le citoyen en connaît au moins une, puisqu'il est envahi quotidiennement par les ordures de toutes sortes. On recense, chaque année, 2,2 millions de tonnes d'ordures ménagères, 150.000 tonnes de déchets industriels, 52.000 tonnes de déchets de conditionnement et 16.000 tonnes de déchets hospitaliers. Plusieurs difficultés entravent la collecte, le transport et le stockage de ces déchets souvent mélangés. L'anarchie et l'affaiblissement de l'Etat ont mené à la fermeture de certains centres dépotoirs, la plus grande partie des eaux usées n'a pas été recyclée (malgré les 110 stations d'assainissement) et a été déversée dans la mer ou en milieu naturel, la détérioration des zones protégées, des coupes d'arbres, des défrichements de terrains, des constructions anarchiques... Tout cela est régi par des lois qui ne sont pas appliquées. Ajoutons à cela le braconnage qui décime la faune naturelle, constituée aussi d'espèces rares. Ainsi en est-il de l'outarde houbara et de la gazelle des dunes qui vivent dans les zones désertiques et sont chassées, avec (ou sans ?) l'assentiment des autorités, par des citoyens des pays du Golfe (essentiellement du Qatar, du Koweït et de l'Arabie Saoudite). Il en est de même de la tortue, du caméléon, du varan, qui font la joie de nos nationaux et de nos voisins libyens, et ce, pour des croyances irrationnelles. Sans parler des oiseaux comme le chardonneret qui est pratiquement décimé. La liste est longue. Plusieurs ONG ont protesté auprès des autorités, comme les cinq de Douz qui ont dénoncé en avril dernier «les graves atteintes à la faune et à la flore du Sahara», soulignant le non-respect des règlements (absence d'autorisation), des infractions d'ordre fiscal (importation de matériels et de voitures sans payer des droits de douane), introduction d'armes, non-respect des espèces protégées... Il ne semble pas qu'elles aient été entendues. Il est évident que l'environnement a été négligé ces dernières années. Des ONG se sont adressées à la fin du mois d'avril dernier à l'ANC pour s'indigner du fait que l'Instance du développement durable ait été supprimée du projet de la Constitution. Mais il semble, d'après un député, que l'environnement et sa protection ont été pris en considération dans le dernier texte de la Loi fondamentale. Et d'après les déclarations des autorités compétentes, plusieurs mesures ont été prises pour remédier à la situation et œuvrer au respect de l'environnement, indispensable à un meilleur cadre de vie et à la préservation des richesses naturelles (faune et flore). Acceptons-en l'augure. Mais il est utile de rappeler que l'an dernier, le ministère compétent avait abandonné la mascotte de l'environnement. Cette mascotte appelée Labib, conçue et dessinée par notre confère Chedly Belkhamsa, sur commande d'organismes internationaux pour le compte du ministère de l'Environnement, trônait dans chaque artère dénommée de «l'environnement» (il y en avait une dans chaque ville). Le choix avait porté sur le Fenec, petit renard du désert, espèce rare et interdite au commerce, pour représenter l'environnement et sa préservation. Son côté sympathique, sa ruse et sa rareté expliquent en partie ce choix. Dans d'autres pays, d'autres espèces ont été choisies, comme le hérisson à Malte. En attendant, supprimé ou pas, Labib souffre...A nous tous de lui redonner le sourire. Ne serait-ce qu'en étant discipliné dans la dépose des déchets. Et pour commencer ce mardi, Journée nationale de la propreté et de la protection de l'environnement.