Dès lundi prochain, le bureau d'ordre de la Haica prendra du service à son siège pour recevoir toutes les demandes et tous les documents signés «C'est une instance régulatrice dont l'objectif est d'assurer la diversité du paysage médiatique tunisien et de promouvoir la liberté d'expression», précise Nouri Lajmi, président de la Haica Le passage d'un espace médiatique dirigé et verrouillé à un paysage libre et diversifié n'est pas aussi automatique qu'on le pense. Des accréditations des radios et des télévisions au suivi quotidien des contenus de leurs émissions, en passant par l'approbation des nominations des directeurs généraux des médias ainsi que le traitement des situations litigieuses des journalistes, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) aura à gérer au quotidien des dossiers brûlants. Il s'agit, notamment, des principales thématiques évoquées par les journalistes présents à la première conférence de presse de la Haica, tenue hier à son nouveau siège social, qui abritait l'ancien Conseil constitutionnel. Lors de cette première sortie en public, les membres de la Haica ont fait le point sur le rôle et les attributions de cette instance. «C'est une instance régulatrice dont l'objectif est d'assurer la diversité du paysage médiatique tunisien et de promouvoir la liberté d'expression», précise Nouri Lajmi. A cet égard, ce n'est point une structure syndicale ni d'autorité sur les journalistes. «Ces situations seraient considérées à partir du moment que cela remet en cause la qualité du travail du journaliste et le contenu de ses œuvres», précise Mme Raja Chaouachi, membre de la Haica. Le président de l'instance a rappelé par ailleurs les problèmes logistiques et administratifs rencontrés durant les trois premières semaines. Pour sa part, M. Mohsen Riahi a insisté sur l'attribution des autorisations de reportages pour les médias, notamment étrangers, qui s'inscrit plutôt dans une logique de facilitation. Par la même occasion, il a jeté la lumière sur les lacunes des articles 122 et 124 de la Constitution qui s'opposent aux normes internationales et aux expériences comparées en la matière. «L'élection des membres de la Haica par les députés, conformément à l'article 122, n'est pas sans risque de tomber sur une instance reflétant la proportionnalité selon les couleurs politiques», illustre-t-il. Critiquant l'article 124, il estime que la presse écrite et audiovisuelle n'obéit pas au même mode de régulation. «Il s'agit de l'autorégulation pour la presse écrite», précise-t-il. Dans cette perspective, la Haica s'est investie dans un travail de sensibilisation auprès des constituants en vue de faire modifier ces articles lors des discussions de la Constitution article par article. Sur un autre plan, la nomination des directeurs généraux des établissements publics serait conditionnée par l'approbation de la Haica. Mieux encore, pour veiller à la bonne gouvernance des médias publics, les membres de l'instance indépendante mèneraient des visites sur place, recueilleraient des documents officiels et formuleraient des recommandations. S'agissant du plan d'action de la Haute instance, M. Riadh Ferjani a présenté un projet de stratégie globale pour le secteur médiatique qui s'articule sur huit thèmes, à savoir les accréditations, les fréquences, le suivi permanent des contenus diffusés, particulièrement en périodes électorales, les sondages d'opinion... Pour sa part, M. Hichem Snoussi a mentionné que les médias seraient tenus de respecter un cahier des charges, dont la publication est prévue pour les prochains jours. «Autrement, on serait obligé d'arrêter les diffusions, voire de retirer les autorisations», prévient-il. En effet, ce cahier, ajoute-t-il, serait utile pour assainir le secteur. Lors de cette conférence, on apprend que dès lundi prochain, le bureau d'ordre de la Haica prendra du service à son siège pour recevoir toutes les demandes et tous les documents signés. Entre la régulation et la garantie de la liberté de presse, l'arbitrage de l'instance s'avère plutôt délicat.