Les jeunes en quête d'originalité et de sensations fortes, n'ont pas été déçus par Gultrah Sound System et le Hoba Hoba Spirit. Loin de là... Mercredi soir, la manifestation «Mousiqa wassalem» à l'esplanade du musée de Carthage a drainé une foule énorme, grâce à l'affiche proposée où trônaient le groupe tunisien Gultrah Sound System et celui marocain Hoba Hoba Spirit. Le ton global de la soirée a été de la même teneur : une bonne maîtrise instrumentale, un tempo particulier et des thèmes universels remis à l'ordre du jour, notamment dans le monde arabe : le politique et le citoyen, la jeunesse (nord-africaine), la crise identitaire, la lutte contre l'oppression, défense des droits de l'Homme, de la liberté d'expression... Hoba Hoba Spirit mène le bal Souvent présenté de manière flatteuse comme le «clash marocain», Hoba Hoba Spirit est un quintette de fusion entre rock, afro, gnaoua et reggae, créé en 1998 à Casablanca. En assurant la première partie du concert, il a mis le feu aux poudres à l'esplanade par une imposante présence sur scène, une musique variée et fort colorée, ainsi que par une énergie débordante. Le verbe acéré, les refrains–slogans en dialectal marocain, en français et même en anglais font, à chaque fois, mouche; ils ont enchaîné les morceaux dans une fusion urbaine aux effluves gnaouis, rock et hip-hop. On a, ainsi, eu droit à une version rock très originale de Iradat al hayat de Aboul Kacem Chebbi et à quelques reprises de vieilles chansons du patrimoine musical maghrébin, telles que Nouar de Chikha Rimiti ou Beb hdid de Cheb Noomen. Leur programme a été soutenu par une justesse d'arrangements dispensés par une panoplie d'instruments, clavier, basse, batterie et guitares électriques, au grand bonheur de la foule qui, enthousiasmée, a dansé, s'est élancée, et s'est essayée à jouer la chorale. Le Gultrah Sound System A leur entrée sur scène, il ne manquait que le feu d'artifice. Eux, ce sont les Gultrah; ce groupe tunisien culte du reggae, mais de gnawa, aussi. Avec des titres comme Lamb, Dada Aïcha, Ahkili âlech, Halim Yousfi , le chanteur du groupe a emballé le public par une voix forte et tonique sur fond de musique harmonieuse faite d'un métissage aux couleurs multiples et rendues, particulièrement, par des guitares et une percussion saisissantes. Des chansons qui libèrent le souffle, des rythmes enflammés pleins des fulgurances de gnaoui et de hip-hop originales. Un métissage réussi, des genres musicaux qui ont fait vibrer et danser les amateurs du genre ! Une soirée qu'on retiendra.