Moussiqa Wassalem nous a offert de purs moments de bonheur que seule une bonne musique, servie avec beaucoup de sincérité et de talent, peut permettre. C'est sur cette note que se sont clôturées, dimanche dernier, les Rencontres internationales de la musique alternative de Carthage, avec une soirée grandiose que le public ne risque pas d'oublier. En effet, les «Tinariwen», venus de leurs déserts maliens qui leur ont suggéré le nom de leur groupe, étaient au rendez-vous et n'ont pas, une seule seconde, déçu. Bien avant eux, ce fut l'ensemble anglais «Awalé», accompagné au chant par la Tunisienne Badiâa Bouhrizi — une revenante —, après leurs années londoniennes, de monter sur scène. Avec un nom qui renvoie à un célèbre jeu de société africain, un continent et une culture dont il puise, également, sa palette musicale, le groupe cosmopolite a livré une belle performance et n'a pas manqué d'entraîner le public dans son sillage. «Awalé» signifie, également, aimons-nous les uns les autres, et c'est, justement, ce message que la superbe formation musicale, faite de percussions, de guitares, de trompette et de saxophone, enveloppés par la voix de la chanteuse, nous a transmis. Un amour passionné accordé sur de bonnes vibrations et joué sur scène, in situ, avec beaucoup de bonne humeur, qui fait écho au talent des musiciens. Les «Tinariwen» font merveille A l'instar du blues dont leurs sons y puisent des tonalités, la musique des «Tinariwen» — appelée «assouf», qui signifie en tamasheq la solitude et la nostalgie — a pris naissance dans l'exil, dans leurs années algériennes pour finir par évoluer par l'ajout de sonorités rock et blues à la musique traditionnelle touarègue. Ancré et intégré dans le Mouvement Populaire de l'Azawad (le désert du nord malien), le groupe, qui fut formé en 1982 en Algérie, a joué un rôle important pendant la rébellion touarègue des années 1990. Tantôt armes en mains, tantôt munis de leurs guitares, ces musiciens ont su diffuser, via leur blues touarègues, des messages de résistance et de patriotisme. L'esplanade du musée de Carthage a su accueillir, à merveille, ces artistes dont la musique et la cause font leur grandeur. Des musiciens qui ont sillonné le monde, faisant les premières d'autres artistes de renommée mondiale et recueillant le soutien de célébrités, tels que Robert Plant ou Led Zeplin. Drapés des couleurs et autres tissus de leur terre natale, avec une formation de deux guitares, une basse et des percussions, ils n'étaient pas au complet ce soir-là, mais ils ont su faire vibrer la place avec leurs notes chargées d'espoir et de fougue. Avec des morceaux de leurs albums «Amassakoul» et «Tassili» (sacré en 2012, meilleur album dans la catégorie « Musiques du monde » aux Grammy Awards), ils ont libéré les cœurs, les corps et les esprits d'une audience de plus en plus déchaînée. Bravo! Et à la prochaine Mousiqa wassalem.