La nouvelle est tombée hier : tous les accusés dans l'affaire qui oppose la télévision tunisienne à Cactus Prod ont été libérés. Il s'agit plus précisément de l'ancien conseiller du président déchu, Abdelwahab Abdallah, ainsi que de cinq directeurs de la Télévision nationale, à savoir Moncef Gouja, Fehri Chelbi, Brahim Fridhi, Mustapha Khammari et Hédi Ben Nasr... Cette libération concerne également Sami Fehri, propriétaire de Cactus Prod. Mais ce dernier est maintenu quand même en détention. La raison ? Il fait l'objet d'un mandat de dépôt dans le cadre d'une autre affaire, relative à la publicité de la Poste tunisienne. Cette libération a été accueillie très diversement par les Tunisiens, surtout qu'elle fait suite de très près à une autre, où l'on a vu des figures notoires de l'ancien régime retrouver leur liberté, notamment Abdallah Kallel et Mohamed Ghariani. Or il s'agit ici de libération provisoire, puisque les accusés ne sont pas acquittés : ils comparaîtront le 25 octobre prochain devant la chambre criminelle, qui examinera l'affaire sur le fond. La décision d'hier signifie donc qu'ils comparaîtront libres, à l'exception de Sami Fehri. Pour Me Sonia Dahmani, avocate de Sami Fehri et membre du collectif chargé de sa défense, le maintien en détention des accusés n'aurait pas dû avoir lieu et il est injuste : «Il n'y avait aucune raison de les mettre en prison !» D'autre part, et pour ce qui concerne Sami Fehri en particulier, cette affaire de la Poste a été «créée de toutes pièces» afin que la libération effective n'ait pas lieu. Elle rappelle que le juge d'instruction avait classé cette affaire, se basant sur les investigations d'un expert pour considérer que Sami Fehri ne faisait l'objet «d'aucun reproche». Mais le parquet, poursuit-elle, a fait appel de cette décision et a lancé un mandat de dépôt. Cela s'est passé il y a quelques semaines. A l'heure où la chaîne Ettounissiya passe par les difficultés qu'on connaît, on ne manque pas de faire le lien entre le maintien en détention de Sami Fehri et l'opération de reprise engagée par Slim Riahi. C'est en tout cas le sentiment de l'avocate interrogée, pour qui tout ce qui se passe revient à permettre de vendre cette chaîne «pour une bouchée de pain»... «L'arrêt brutal des émissions, juste avant le mois de Ramadan, quand on sait tout ce qui est dépensé en prévision de cette période, est une façon de la mettre en faillite...» Une hypothèse très plausible, qui en dit long sur la poursuite d'une certaine instrumentalisation de la justice !