La collection Patrimoine et Architecture de Dar Ashraf Editions s'enrichit d'un nouveau beau livre. Après une série d'ouvrages sur les plus belles demeures de Hammamet, de Sidi Bou Saïd, de Carthage et de la Médina de Tunis, Ashraf Azzouz sort Maisons de l'île de Djerba. C'est un livre aux couleurs estivales, qui invite au voyage, là-bas vers la mer et la lumière de « l'île jardin ». L'une des plus belles de la Méditerranée et dont les habitants ont su, pour se protéger à la fois des envahisseurs et d'un climat très rude, inventer un habitat à la fois défensif et écologique, le houch. Sobre, secret, discret, de volumétrie massive, flanqué de tourelles et de murs aveugles, camouflé par les palmiers centenaires, le houch, tout comme l'île de Djerba, «qui ne se dévoile pas au premier regard», écrit l'éditrice, demande une initiation particulière. Sur 250 pages d'images et de textes, Maisons de l'île de Djerba tente, avec beaucoup de doigté et d'amour du patrimoine architectural et ethnologique local, cet exercice. Préfacé par Mohamed Moncef Barouni, avocat international, ensuite introduit par l'historique de Narjess Moussa, chercheuse indépendante et par une présentation des particularités architecturales de Djerba signée Karim Hendili, architecte, le livre a également réuni les deux co-auteurs, Ashraf Azzouz pour les textes et Salah Jabeur pour les photos. Maisons de l'île de Djerba est structuré de la même manière que les précédents ouvrages de la collection. Il commence avec le passé à travers l'architecture vernaculaire préservée: les menzel Ben Yedder, Ben Tanfous, Fourati..., enchaîne sur la tradition repensée et nous fait découvrir le menzel Ben Mahmoud, les houch Calligari, Henriot, Ben Hassine..., nous projette dans l'avenir avec de magnifiques intérieurs d'artistes, ceux de Hamadi Cherif, de Tahar M'guedmini, de Bechir Kouniali, de Yellis, d'Abbes Boukhobza... La dernière partie est consacrée aux espaces culturels et aux maisons d'hôtes, qui s'inspirent des volumes anciens ou introduisent une touche de fantaisie et de modernité à des bâtiments ayant traversé l'épreuve du temps sans avoir aucunement perdu leur charme et leur âme, tels Djerba Héritage, le Musée de Guellala, la Résidence d'artistes, Dar Cherif, Menzil El Khir et Dar Dhiafa. Chaque demeure est racontée à travers la généalogie de la famille qui l'a construite ou l'aventure de restauration et de récupération d'un héritage, qui malheureusement est comme dans la médina de Tunis otage de la copropriété et des problèmes inextricables de l'indivision. En fait, c'est la maison d'hôtes Dar Dhiafa, inaugurée en 2001 qui a probablement contribué au mouvement de retour vers Djerba et ses architectures magnifiques et à accueillir sur l'île de nouveaux résidents, venus de Tunis et d'Europe. «Cet ensemble de maisons traditionnelles ayant appartenu à des familles juives djerbiennes, qui avaient choisi de s'exiler au début de la guerre du Golfe, ont été transformées tout en préservant l'esprit des lieux», écrit Ashraf Azzouz. Le côté intimiste de cette résidence, sa décoration -un soupçon orientaliste- ont fait rêver plus d'un... Maisons de l'île de Djerba : Textes de Ashraf Azzouz et photos de Salah Jabeur. Dar Ashraf Editions, 2013. 254 pages.