Sous le ciel étoilé du théâtre de plein air de Kélibia, le festival international du film amateur bat son plein. Même si le rythme de projection est soutenu, la compétition internationale qui a démarré à pleins gaz, continue à livrer chichement ses joyaux. En effet, après avoir passé en revue les membres d'un jury composé d'artistes et de professionnels venus de Palestine, de France, de Tunisie, neuf courts métrages ont été projetés. Au programme de cette première soirée de la compétition officielle, différentes catégories de films étaient en lice. Le film qui ouvrait la soirée, Sous le drapeau d'Ismail Moncef (Iran), est un bel essai de fiction, avec un penchant envers la comédie. L'embarras avec ce film réside dans sa fin, trop rapide et sans réelle résolution. C'est que contrairement aux courts métrages, où l'un des critères de l'évaluation du film réside dans la gestion de la durée du film, entre l'exposition de l'objet, la quête du héros pour réaliser son but, pour arriver à la résolution finale, pour le long métrage (plus d'1h de film), ce n'est pas tant la fin qui prime, mais le développement de la problématique. Cependant, le public a eu droit à un autre film du réalisateur égyptien Majed Nader représentant le genre documentaire avec Catharsis de Alia Aymen. Trois films d'animation intéressants ont été également projetés, sous un format assez court. Parmi les films projetés, Beyond, le film qui évoque la mémoire d'un père qui a vu son fils fusillé sous ses yeux, a ému le public. Sa construction narrative est originale, naviguant entre le présent diégétique et le flash-back, tout en gardant une cohérence parfaite. En ce qui concerne le jeu d'acteur, la simplicité et le minimalisme qui caractérisent la composition du rôle du père, les expressions qui se lisent sur son visage lorsqu'il se souvient, dépeignent un intérieur traumatisé, une mémoire accablée. Le public a pu apprécier la qualité du film, malgré un sous-titrage en anglais pour un dialogue en slovaque. Parmi les films d'animation, le court et léger film polonais, La plage, du réalisateur Pawel Prewenski se compose de dessins au trait noir sur un fond blanc. L'animation des différents personnages donne lieu à la création d'un cadre spatio-temporel torride: à la plage, un été. La plage est porteuse d'un message cohérent, compréhensible et même subtil, et chaque dessin ajoutait un nouveau sens à une problématique qui se passe de dialogue et de sous-titres. Un enfant, une jeune femme, une famille consomment, doublent de taille en étant à la plage. C'est lorsque les crabes sont recouverts de boîtes de conserve, lorsqu'en creusant le sable des sacs en plastique volent dans l'air, que ces images renvoient à la boulimie consumériste des sociétés modernes avec ses effets néfastes sur le corps humain et sur les espaces naturels. Le public, composé des membres des associations tunisiennes de cinéma, mais aussi des cinéphiles de Kélibia, des assidus de cette manifestation cinématographique annuelle venus en masse, malgré les conditions climatiques peu clémentes, a su se montrer fidèle et engagé. Hier soir, était lancée la compétition nationale. Petite nouveauté pour cette année, les films tunisiens participant au concours international seront sélectionnés d'office dans la compétition des films tunisiens.