Seize points ont été fixés par le conseil d'administration de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), dans le contexte d'un plan de sortie de crise pour l'économie nationale. Réunis mardi à Tunis, les membres dudit conseil ont insisté sur la nécessité d'assurer un climat sécuritaire stable et les conditions d'un paysage politique sain afin de restaurer la confiance des investisseurs. La question est ainsi de savoir jusqu'à quel point ce plan de sauvetage peut être faisable au moment où les calculs partisans semblent gagner du terrain. Sortir l'économie nationale de la crise passe donc, selon la feuille de route de l'Utica, par une communication professionnelle sur le plan national et international sur l'état réel de l'économie tunisienne et sur ses capacités à opérer une reprise rapide. Tout autant qu'il faut rassurer les bailleurs de fonds sur la capacité du pays à maitriser la situation et à tenir ses engagements financiers et à mener les réformes nécessaires. La classe politique est appelée à tenir un discours responsable tenant compte de l'état réel de l'économie, de l'ampleur des défis et de la nécessité de la contribution de tous à l'effort de redressement économique. S'y ajoutent consécutivement la mobilisation des acteurs nationaux autour du défi de repositionnement du travail comme valeur sociale et la garantie par l'Etat de la continuité et la fluidité logistique sur tout le territoire national. De surcroît, le redressement de l'économie nationale passe, comme l'appréhende la centrale patronale, par le rétablissement de l'ordre et de la sécurité et la lutte contre le terrorisme pour restaurer la confiance. Le reste des recommandations consiste à augmenter le pouvoir d'achat et à réduire l'inflation par une baisse des taux des taxes, à tranquilliser les fonctionnaires et rétablir la gestion de carrière par les compétences et à rétablir l'autorité dans les structures en charge des services publics. Dans la même perspective, le conseil d'administration de l'Utica insiste sur l'impératif d'annoncer de manière claire les investissements à réaliser en moins d'un an dans chaque région et leur désigner des chefs de projet qui soient ordonnateurs du budget et responsables des résultats. Il considère également que la mobilisation d'un Fonds d'un milliard de dinars pour financer à taux zéro les projets d'investissements productifs dans les régions est fort utile et que les investisseurs privés ont besoin d'avantages spécifiques pour réaliser des investissements immédiats dans certaines régions. Tout au plus, les entreprises qui créent des emplois supplémentaires durables en moins d'un an doivent être encouragées. Les deux derniers points figurant dans le plan d'action en question consistent à décerner une indemnité de mobilité (déplacement et hébergement) pour les demandeurs d'emploi qui trouvent du travail hors de la zone de résidence de la famille, ainsi qu'à réajuster les droits et taxes excessifs pour certains produits pour lutter contre la contrebande et engager une politique d'intégration des opérateurs informels dans le secteur organisé. Livrant sa propre lecture du plan d'action visant le redressement de l'économie nationale, Hichem Elloumi, vice-président de l'Utica, signale que la situation économique du pays est, à bien des égards, alarmante et exigee une série d'actions en toute urgence. Pour lui, le plan d'action en question doit être pris au sérieux par le gouvernement à venir pour constituer une des priorités majeures. «En réalisant que le gouvernement actuel peine encore à honorer ses engagements vis-à-vis du Fonds monétaire international (FMI) et du reste des instances financières internationales, il devient clair, plus que jamais d'ailleurs, que l'on est au bord du gouffre. D'où la nécessité de passer du verbe à l'action», martèle-t-il. Passer du verbe à l'action exige selon le même interlocuteur l'adhésion de toutes les forces vives, la constitution d'un gouvernement de vrais compétences nationales: «Ils nous faut des hommes politiques et des experts économiques rodés afin d'éviter la noyade totale. Il s'est avéré que l'improvisation ne fait qu'aggraver les choses». Reste à dire que seuls les actions et les jours à venir démontreront jusqu'à quel point le plan d'action prescrit par l'Utica est faisable ou plutôt utopique.