Signe des temps, c'est contre un pays émergent que la Tunisie doit aller chercher le billet de sa qualification. L'hiver dernier, le Cap-Vert se qualifiait pour la première fois de son histoire en phase finale de la coupe d'Afrique des nations. Le baptême a été réussi, les Requins Bleus accédant en quarts de finale où ils rendirent les armes face à un géant, le Ghana (2-0), non sans avoir auparavant résisté aux meilleurs : nul 0-0 contre l'Afrique du Sud et 1-1 face un Maroc, et victoire 2-1 devant l'Angola grâce à un but à la dernière seconde de Nhuck. Le continent noir salua sur le coup la naissance d'un nouveau pôle capable de damer le pion aux meilleures nations. Pourtant, on sait dans quels travers peuvent retomber subitement et sans transition ces «nouveaux riches» qui manquent à l'évidence de continuité et de stabilité. Les «Criaulos» furent ainsi incapables de confirmer sur la durée des éliminatoires de la Coupe du monde : défaite le 9 juin 2012 à domicile, au Stadio du Varzea, de Praïa contre la Tunisie (1-2), et nouveau revers (4-3) en Guinée équatoriale le 24 mars dernier. Toutefois, une décision de la Fédération internationale allait attribuer la victoire par pénalité aux «Tubaros Azuis» en raison de la participation à cette partie d'un joueur équato-guinéen d'origine espagnole qui n'était pas éligible. Ces trois points inespérés vont redistribuer les cartes, repousser la qualification de la Tunisie, relancer subitement les hommes de Lucio Antunes et rendre poignant et décisif ce baisser de rideau de Radès, devenu une véritable finale du groupe «B». Les copains de Odaïr Fortes, buteur au match aller, reviennent de loin. L'appétit venant en mangeant, qui sait si ce soir à Radès, ils ne créeront pas la surprise, surtout qu'ils n'ont rien à perdre dans l'affaire. D'ailleurs, leur match de préparation du 14 août dernier les a vus tenir en échec le Gabon (1-1). Soit la même qualité de performance que celle du test du début de l'année contre le Nigeria (0-0). Autant dire que les Cap-Verdiens ont résolument rompu avec l'âge de pierre où ils subissaient de sévères raclées. La nouvelle génération ne se fait plus de complexes, à l'instar des expatriés Ryan Mendes (Lille, France), Heldon Ramos et Gege (Maritino, Portugal), Ronny Esch (Luxembourg)... Certes, ce n'est pas vraiment le Top du Vieux continent, mais l'équipe sait faire corps autour du capitaine Fernando Neves, l'ancien défenseur de l'Union Sportive Monastirienne, passé à Châteautoux, en France et qui avait déjà annoncé sa retraite juste au retour de la CAN 2013. Pourtant, Nando est toujours d'attaque et figurait dans le dernier onze aligné par Lucio Antunes, composé des joueurs suivants: Vozinha-Nivaldo, Carlitos, Nando, Fernando Varela-Babanco, Soares, Toni Barela-Heldon, Tavarès, Mendès.