L'accusation sera-t-elle retenue ou rejetée ? Tahar Ben Hassine, directeur de la chaîne «Al Hiwar Ettounsi», a été auditionné hier par le juge d'instruction près le Tribunal de première instance de Tunis. Poursuivi pour «complot contre la sûreté intérieure de l'Etat», l'accusé a été laissé en liberté. «Cette enquête judiciaire a trait à un entretien sarcastique entre Tahar Ben Hassine et le journaliste Taoufik Ben Brik, diffusé sur la chaîne de télé «Al Hiwar Ettounsi», durant lequel le directeur de la chaîne a émis le vœu, dans l'hypothèse où il serait assassiné, d'abandonner son droit de poursuite judiciaire, mais de voir condamner à la peine capitale Ali Laârayedh, chef du gouvernement, et Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha. Il est clair qu'il s'agit-là d'humour noir où Tahar Ben Hassine a évoqué avec amusement une hypothèse», explique Me Moufida Belghith, avocate de la défense. D'autre part, l'avocate indique que «l'article 70 du Code pénal spécifie que l'accusation de complot contre la sûreté de l'Etat ne peut s'appliquer qu'au cas ou cela concernerait ou toucherait le président de la République, ce qui n'est pas le cas dans cette affaire. Cela outre que Tahar Ben Hassine est un homme de média et les délits de presse relèvent légalement du décret-loi 115 et non du Code pénal», note Me Moufida Belghith. Rappelons que le Snjt (Syndicat national des journalistes tunisiens) a insisté dans un récent communiqué sur l'application exclusive du décret-loi n°115 en cas de jugement des journalistes. Toujours, selon les avocats de la défense, ces accusations visent à porter préjudice à un adversaire politique notamment de la part du mouvement Ennahdha. Pis, «tout cela vise, conclut l'avocate, à faire diversion et à braquer les médias sur de faux problèmes afin de détourner l'opinion publique des problèmes réels qui minent le pays». Partant, les avocats ont démontré, au cours de leur plaidoirie, la vacuité du dossier. Maintenant et après l'audition de Tahar Ben Hassine, le juge d'instruction décidera soit de retenir le chef d'accusation de complot contre la sûreté intérieure de l'Etat et de déférer ainsi «l'accusé» en justice, soit de classer carrément l'affaire.