Voilà que la Tunisie réagit encore une fois pour stimuler l'emploi, encourager les investissements, publics soient-ils ou privés, et booster l'initiative. La création de «Sages Capital» en est l'exemple vivant. Depuis la mise en place de cet organisme, en mai 2006, cette première société de gestion de fonds, dédiée à l'essaimage des entreprises économiques et à l'appui à la création de nouvelles générations de salariés entrepreneurs, ne cesse d'étonner toute personne ayant fait confiance à ses services. «Sages a été créée principalement pour l'essaimage. Jusqu'au mois d'avril dernier, elle ne travaille que sur des projets d'essaimage. A travers les fonds de ses actionnaires (Groupe chimique, Ciok, Sonede, ONP, Steg, Onas et Sncpa), Sages Capital détient un petit fonds de 450 mille dinars et gère d'autres fonds de souscripteurs et investisseurs. Elle a réalisé jusqu'à aujourd'hui 30 projets d'essaimage, certains sont au stade de l'investissement et d'autres sont déjà opérationnels», assure M. Afif Ben Yahia, président-directeur général de Sages Capital. Il ajoute pour expliquer davantage le fonctionnement de cette société : «Parmi les fonds les plus importants qui nous ont été accordés, il y a celui du Groupe chimique qui s'élève à un milliard et demi, soit le tiers du fonds de Sages et qui a été placé dans des projets d'essaimage. Le Groupe chimique nous a accordé un deuxième fonds de un milliard et demi qui a lui aussi été placé dans des projets et nous attendons un troisième fonds». D'ailleurs, et sur les trente projets financés par Sages Capital, M. Ben Yahia affirme que 15 sont du Groupe chimique. Un rythme soutenu Toujours concernant les projets d'essaimage, Sages Capital a pu décrocher un fonds italien s'élevant à un million et demi d'euros, soit presque trois milliards et qui sera mis à la disposition de Sages très prochainement. M. Ben Yahia déclare qu'il ne manque que la ratification de la Chambre des Députés pour l'obtenir. Ce fonds fait partie d'un don de 9 millions d'euros accordé à la Tunisie par le gouvernement italien qui comporte plusieurs composantes, dont ce montant alloué à l'essaimage privé. Le P.d.g. de Sages assure avoir signé le protocole d'accord depuis une année déjà. «Plusieurs autres sociétés publiques et privées ont signé la charte nationale d'essaimage et elles vont bientôt souscrire à un fonds commun de placement à risque dans l'essaimage comme la cimenterie de Bizerte pour trois cent mille dinars, Tunisair avec le même montant, pareil pour la société El Fouledh et d'autres vont bientôt suivre comme Tunisiana…», déclare M. Ben Yahia qui conclut: «En plus des trente projets réalisés dans l'essaimage, il y a 44 autres projets dont la participation de Sages Capital dans leur capital a été approuvée. Nous attendons que les promoteurs bouclent leurs schémas de financement pour le montage des sociétés et le déblocage des fonds». M. Afif Ben Yahia vise la réalisation d'une trentaine de projets d'ici la fin de l'année. Le P.d.g. de «Sages» rappelle que le gouvernement a choisi sa société pour lui confier la gestion d'un autre fonds commun de placement à risque dédié à l'innovation et au développement technologique appelé «In'tech». Ce fonds, alimenté de ressources financières estimées à 50 millions de dinars, est devenu opérationnel depuis avril 2010. Il vise à faciliter la création de projets innovants et à contribuer à l'accélération du rythme de croissance, en raison de la haute valeur ajoutée de ces projets et de leur potentiel de création de nouveaux emplois, particulièrement au profit des diplômés du supérieur. «Le fonds peut atteindre les 64 millions de dinars à travers une idée ingénieuse de M. Afif Chelbi, ministre de l'Industrie et de la Technologie. Cette idée consiste à confier à «Sages» la gestion de 36 millions de dinars et à confier à deux autres sociétés de gestion de fonds 14 millions (soit 7 millions de dinars chacune), à condition que ces dernières parviennent à collecter 7 autres millions de dinars chacune. Ainsi chaque société gérera un fonds de 14 milliards et les ressources financières du fonds «In'tech» pourront atteindre 36 milliards», explique M. Afif Ben Yahia, qui ajoute : «Sages Capital a pu déjà approuver le financement de quatre projets innovants. Ce premier lot de projets nécessitera la mobilisation d'investissements estimés à 12,375 million de dinars et la participation de notre société s'élève à 1,664 million de dinars et sera destinée à des sociétés opérant dans les secteurs de l'électronique (fabrication de cartes électroniques), les industries chimiques (processus innovant dans la fabrication d'engrais chimiques), les TIC (société de e-commerce) et le textile technique fabriqué à partir d'un brevet développé par des chercheurs tunisiens pour la valorisation de l'alfa». Ces projets vont permettre la création de 231 postes d'emploi dont 121 postes qui seront détenus par des diplômés du supérieur. En plus de ces projets approuvés, 12 autres sont proposés à l'étude dont six en cours d'élaboration. «Nous allons essayer de garder ce rythme sinon l'accélérer de manière à présenter tous les 45 jours trois à cinq projets», se réjouit M. Ben Yahia. Ce fonds est important, surtout pour les diplômés de l'enseignement supérieur porteurs de projets innovants et à fort contenu technologique, dans la mesure où il peut participer jusqu'à 49% du capital de la société en accompagnement des fonds publics tels que le Foprodi ou le RITI. L'apport du promoteur est donc minime. A la recherche de projets innovants Y a-t-il autant de projets et d'idées d'innovation en Tunisie ? Est-ce que «Sages Capital» ne sera pas dans l'obligation de ralentir son rythme de travail, par manque d'idées nouvelles ? Le président-directeur général de «Sages» ne cache pas que les projets innovants peuvent parfois se faire rares, mais il déclare être prêt à travailler pour la recherche de ces projets. «L'équipe de Sages n'attend pas que les promoteurs ou les porteurs d'idées innovantes se présentent chez elle. Notre équipe se déplace à l'intérieur du pays, va dans les centres d'affaires, les technopôles et les pépinières…et nous effectuons un travail de recherche qui a jusqu'ici porté ses fruits. J'estime que cela reste insuffisant et nous devons élargir nos recherches de projets innovants à l'intérieur des universités, aux centres de recherche et à des entreprises qui ont des projets d'innovation pour les aider à développer leur business». Pour arriver à accomplir toutes ces tâches et à s'introduire au sein de toutes ces structures, Sages Capital prévoit un projet de coopération avec les Allemands à travers la GTZ, qui débutera en juillet. Cette coopération va mettre à la disposition de «Sages», et aux frais de la coopération allemande, des experts tunisiens et étrangers qui assurent tous les déplacements afin de dénicher les projets innovants éligibles à ce fonds. Mais y aura-t-il assez d'argent pour tout le monde ? M. Ben Yahia nous rassure : «Nous avons prévu de consommer tout l'argent du fonds d'ici 2012. Si nous parvenons à financer des projets intéressants et rentables, je suis intimement convaincu que d'autres fonds seront mis à notre disposition». Notre interlocuteur parle d'un autre projet avec l'Innorpi, qu'il qualifie de gisement de projets. M. Afif Ben Yahia a, également, déclaré que "Sages Capital" s'attachera au cours de cette année à apporter un soutien financier adapté aussi bien aux projets innovants qu'à ceux éligibles à la mise à niveau à travers un autre fonds, dédié à la restructuration des fonds propres des PME dont les ressources sont estimées à 25 millions de dinars. Ce fonds sera opérationnel à la mi-juillet. De plus, M. Ben Yahia explique qu'actuellement il y a un programme financé par l'Union européenne pour développer la recherche et l'innovation en Tunisie. Il s'agit d'une enveloppe de 12 millions d'euros. Ce programme comporte une composante fonds d'amorçage de un million et demi d'euros que «Sages Capital gère également, en plus de tous les autres fonds».