Un individu antisémite, qui se présente comme étant «le nouveau Hitler», met les habitants d'El Hara sur le qui-vive Riche d'une histoire qui date de l'antiquité, la communauté judéo-tunisienne de Djerba, comptant actuellement à peu près 1.500 âmes vivant sous nos cieux, est l'une des dernières communautés juives à subsister dans le monde arabe. Mais voilà que le quotidien paisible de nos concitoyens de confession juive a été perturbé ces trois dernières semaines par une série d'agressions commises contre une école juive qui se trouve à la Hara. Selon Yamina Thabet, présidente de l'Association tunisienne de soutien aux minorités (Atsm) et qui s'appuie sur des témoignages, un homme accompagné d'un autre individu est entré, il y a trois semaines, par effraction dans la salle de prière d'une école juive, agressant devant des enfants un adulte présent. La même personne est aussi accusée d'avoir agressé, la semaine dernière, deux jeunes filles. «Les Tunisiens de confession juive se sentent en danger, ils ont vraiment peur», a déclaré Yamina Thabet lors d'une conférence de presse tenue hier au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt). De son côté, un des habitants de l'île nous a confirmé sous le couvert de l'anonymat que cet individu qui était muni d'une matraque se fait appeler «le nouveau Hitler». En toute impunité Et malgré les plaintes portées contre cet individu et une garde à vue de 24 heures, l'agresseur n'est poursuivi que pour «atteinte aux biens d'autrui». Aucune mention n'a été faite du caractère racial présumé des agressions, précise Yamina Thabet. Les accusations dont il a fait l'objet sont jugées par la présidente de l'Atsm comme étant «non conformes aux actes ». «Cet homme est un récidiviste et un antisémite qui circule en toute impunité. Sa présence dans le quartier terrorise la communauté juive dans l'île. Et tout le monde est désormais sur le qui-vive depuis ses agressions. En Tunisie, il y a une loi qui criminalise de tels actes. Il faut appliquer tout simplement la loi», ajoute la présidente de l'Atsm. Parallèlement, selon des témoignages recueillis sur place par Yamina Thabet et relayés par une agence de presse étrangère durant les trois dernières semaines qui ont été marquées par d'importantes festivités juives, «d'autres incidents graves ont visé la communauté. Des policiers ont investi un déjeuner festif pour saisir une moto volée, sans même vérifier les papiers du propriétaire. [...] Et les policiers ont lancé des gaz lacrymogènes et ne sont repartis qu'à l'approche d'un bus de touristes», comme l'explique Yamina Thabet, tout en dénonçant « le laxisme » des autorités policières vis-à-vis de cet individu. La présidente de l'Association tunisienne de soutien aux minorités (Atsm) impute au gouvernement provisoire, aux partis de l'opposition ainsi qu'aux politiciens et à l'Assemblée nationale constituante (ANC) l'entière responsabilité de ces agressions perpétrées contre les juifs tunisiens dans l'île de Djerba. Yamina Thabet craint en outre que les deux attaques perpétrées dans l'école juive par le même individu «soient réfléchies et préméditées dans le but de pousser les juifs tunisiens à quitter le pays».