« Un délai raisonnable sera vraisemblablement accordé aux partis qui n'ont pas encore signé la feuille de route », selon Fadhel Mahfoudh Sur fond d'un communiqué ambigu rendu public dimanche soir par le conseil de la Choura, une réunion de concertation a débuté hier au siège de l'ancien Conseil constitutionnel au Bardo. Les protagonistes ont demandé cette rencontre avec le Quartet afin de « fixer la procédure de travail pour l'entame du dialogue national». Selon plusieurs sources, le compte à rebours relatif au calendrier de la feuille de route devrait commencer jeudi ou vendredi. «Cette rencontre a été l'occasion pour aborder des questions d'ordre procédural, notamment la manière d'engager le dialogue avec les différents partis. Demain (aujourd'hui), nous allons fixer un calendrier de travail qui débutera par une première séance du dialogue national prévue initialement pour jeudi ou vendredi», a déclaré le bâtonnier Fadhel Mahfoudh, désigné comme porte-parole du dialogue national. «Les discussions de cette première séance ont porté sur l'organisation du travail des diverses parties prenantes, sur les modalités du processus décisionnel, sur la fixation du lieu de déroulement du dialogue et sur la manière dont seraient abordées les questions sensibles telles que celle se rapportant à l'Isie», a indiqué M. Mahfoudh. A l'intérieur de la salle de réunion, les représentants du parti islamiste qui « veillent à la participation de toutes les parties», selon les propos de Ameur Laârayedh, insistent sur la nécessité d'accorder un délai supplémentaire aux partis non signataires de l'initiative. «Un délai raisonnable sera vraisemblablement accordé aux partis qui n'ont pas encore signé la feuille de route», a confirmé Fadhel Mahfoudh. En effet, il est encore temps pour rejoindre le dialogue, cependant le 8 octobre (aujourd'hui) a été fixé comme date limite. Le conseil de la Choura s'invite En outre, hier matin, la crispation pouvait se lire sur les visages. La veille, en effet, le communiqué du conseil de la Choura refusait la dissolution de l'Assemblée nationale constituante jusqu'à l'élection d'une nouvelle assemblée et refusait même la démission du gouvernement avant «la fin des travaux de la constituante». Le tout en réaffirmant paradoxalement l'engagement du parti à respecter la feuille de route du Quartet, «comme base au dialogue national». «Cela rentre dans le cadre des manœuvres politiques. Rached Ghannouchi, le président du mouvement, a accepté puis signé la feuille de route, et depuis, nous avons eu droit à plusieurs positions parfois antinomiques, tantôt de la part du conseil de la Choura, tantôt de la part du chef du gouvernement», commente Mahmoud Baroudi, de l'Alliance démocratique. Les réactions se succèdent et le président de l'Alliance démocratique, Mohamed El Hamdi, y voit un « communiqué destiné principalement à ses bases militantes, mais qui pourrait avoir un impact négatif sur le déroulement du dialogue national ». Maya Jeribi, secrétaire général du parti Al Jomhouri, et le député Mongi Rahoui (Watad) considèrent, pour leur part, que le conseil de la Choura a entrepris « un pas en arrière ». Lors de la réunion de préparation, la question devait être soulevée. Sans commenter le texte dans son intégralité, renvoyant les journalistes au porte-parole du parti, Abdelhamid Jellassi, vice-président d'Ennahdha, réitère l'intention de son parti de respecter la feuille de route du Quartet. «Pour que le dialogue réussisse, il nous faut surmonter un certain nombre d'obstacles, à leur tête la composition de l'Isie, qui se trouve actuellement bloquée. L'ANC doit voter au plus vite les lois conduisant aux élections, le tout dans le respect de la loi sur l'organisation provisoire des pouvoirs publics», a-t-il déclaré. Dehors, un petit groupe d'individus clame haut et fort son refus du dialogue national. Pour eux, « médias, opposition, Troïka et Quartet sont des traîtres qui obéissent à l'ambassadeur des Etats-Unis». La réunion d'aujourd'hui permettra aux différents acteurs de se mettre d'accord autour de la méthodologie de travail. Malgré les dissonances qui viennent de temps à autre les perturber, les acteurs du dialogue national se disent «prêts à faire réussir cette étape».