Peu importe les noms, ces visages vous plongent, chacun, dans un univers particulier... Il s'agit d'une exposition de photographies signées Slown qui se tient à Mad'art Carthage du 5 au 26 octobre. Organisée par Association des réalisateurs de films tunisiens (Arft), cette galerie de portraits, qui a déjà été exposée à la Maison de la culture Ibn-Khaldoun au mois de mai dernier, a pour objectif de rendre hommage aux réalisateurs tunisiens, jeunes et moins jeunes, et de les faire connaître auprès du grand public. Certains visages ne sont pas du tout familiers. Mais peu importent les noms, ces portraits vous plongent, chacun, dans un univers particulier...Rien à voir avec ces photos classiques, où il y a des poses et des «chees». La plupart de celles exposées sur les cimaises de Mad'art, sont carrément mises en scène. Elles racontent non seulement le sujet ou le personnage, mais aussi les lieux de la ville, ses rues, ses façades, ses terrasses, ses cafés et ses monuments en péril, comme ces immeubles de l'époque coloniale qui tombent en ruine. Certaines photos mettent en scène des intérieurs : une cabine de projection, un bureau ou la cuisine d'un appartement... Ce sont les réalisateurs eux-mêmes qui ont choisi leurs décors. Et c'est Slown, de son vrai nom Slim Zahra, qui leur a donné du sens, avec sa manière de cadrer, de capter la lumière et de jouer avec les ombres et les couleurs... Après avoir obtenu son diplôme de l'Ecole d'Art et de Décoration (EAD) en 2010, Slim est parti au Canada pour une formation en photographie commerciale, d'où sa passion pour la pop culture ou «culture de masse». Il s'agit d'un phénomène culturel qui a commencé, dans les années 1960, et qui s'est développé tout au long du XXe siècle. La culture pop a généralement des caractéristiques qu'un large public apprécierait. Notre photographe, qui a eu le premier prix au concours «jeunes talents», organisé par le Goethe Institut, à Tunis en 2007 et qui a été lauréat, en 2011, des «7 merveilles de Montréal», un autre concours lancé par un magazine appelé «Nightlife.ca», aime changer de style. La pop culture ne l'empêche pas d'aller vers l'abstrait ou le réalisme. Mais il a l'air très à l'aise dans les portraits. Dans ses sujets aussi. Les réalisateurs, pour une fois, devant l'objectif et non derrière, ont joué le jeu. Ils se sont, apparemment, laissé diriger par le photographe. Lui faisant confiance, ils se sont laissé vivre, le temps d'un cliché. Leurs regards et attitudes en disent long sur leurs personnalités, la manière dont ils gèrent leur quotidien et les lieux qui sont en accord avec eux-mêmes. Cette galerie de photographies style rétro procure au visiteur un drôle de sentiment, celui d'être chez soi. Plus qu'un hommage aux réalisateurs ou une manière de les promouvoir, cette exposition vous réconcilie avec la ville de Tunis, devenue depuis quelque temps, on ne peut plus peuplée, laide et polluée. A voir, absolument.