Que reste-t-il du passage du peintre allemand Paul Klee à Tunis? Beaucoup de traces, diront certains. Des chefs-d'œuvre qui font date dans l'histoire de l'art, diraient les autres. Et, en effet, le passage par la Tunisie du grand peintre a fait date dans la mesure où toute sa vision de la lumière en a été influencée. De Kairouan à Tunis en compagnie d'Auguste Macke, Paul klee a été nourri par cette lumière. Une lumière qui échappe aux stéréotypes orientalistes et qui a retenu les peintres allemands plus que tous les autres peintres d'Allemagne. L'originalité de Klee dans ses œuvres tunisiennes, c'est aussi l'utilisation de la couleur à des fins de compositions. Des œuvres où le signe devient un mode d'expression plastique mais, dans ce sens, le peintre est resté fidèle à l'école du Bauhaus. Au début de l'année 1914, Paul Klee et son ami August Macke débarquent en Tunisie. «Le soleil d'une sombre force. La clarté nuancée sur le pays plein de promesses, écrit Paul Klee dans son journal de bord. D'avance, nous savons tous deux que nous ferons ici du bon travail. «Plus loin», il ajoutera : « Matière et rêve coïncident, et mon propre moi s'y absorbe tout entier». L'artiste est sous le charme, il est complètement transformé. Ses œuvres en témoigneront comme «Motif d'Hammamet», une aquarelle où Paul Klee se refuse au figuratif et se livre à la seule puissance du signe en exploitant les motifs berbères. On retrouvera la même facture dans « Pont dans une rue» d'Auguste Macke. En 2007, le cinéaste tunisien Nacer Khemir, peintre lui aussi, admirateur de Klee, refait le même périple depuis Tunis jusqu'à Kairouan. Sur cette simple trame, Bruno Moll nous offre un film et des moments extraordinaires: la rencontre, à un siècle d'intervalle, de deux artistes. Nacer Khemir se mue en guide, nous faisant découvrir la culture tunisienne dans toute sa richesse, nous permettant de revisiter à la fois ses films, les tableaux de Klee et de flâner dans le passé de cette civilisation arabo-musulmane qui lui tient tant à cœur de faire connaître. Du passage de Paul Klee à Tunis, on retiendra aussi la fresque qu'il a peinte sur le mur d'une maison située sur le front de mer où il a séjourné dans la ville de Saint-Germain ( Ezzahra actuellement), Une peinture à laquelle le soleil, en jouant sur les reflets de la mer, donnait des allures de mouvements, d'après ceux qui l'ont aperçu un jour. Oui, on en parle comme d'une légende, comme de quelque chose qui n'est plus. En effet, cette peinture n'existe plus aujourd'hui. Le mur sur lequel elle s'épanouissait fut repeint par le nouveau propriétaire tout simplement par «ignorance» de la valeur du tableau. Puis le bruit circula que le propriétaire avait repeint le mur de peur que Ben Ali ne lui confisque la maison. Mais ce fut une histoire sortie juste pour couvrir la bêtise monumentale de clui qui a acheté les sots de « surfaçaire « et demandé à l'ouvrier de lui repeindre toute la maison « toute blanche, toute jolie». A un certain moment, on a parlé de techniques poussées pour extraire l'œuvre de « sous la peinture» mais rien n'y fut .