L'étude de Oxford Economics ouvre des perspectives alléchantes à l'économie tunisienne et ses équilibres... La huitième édition du Sommet nord-africain «Oil and Gas», organisé depuis hier à Tunis, a été entièrement orientée vers les hydrocarbures non conventionnels. Les assises du sommet ont focalisé sur l'étude élaborée par le cabinet international Oxford Economics sur «l'impact économique de l'exploration des schistes riches et liquides et du gaz de schiste en Tunisie» qui met en lumière les retombées potentielles considérables pour la Tunisie au niveau macroéconomique. Compte tenu des trois canaux d'impact : directs, indirects et induits, Oxford Economics estime que la contribution annuelle moyenne aux finances de la Tunisie serait de 206 millions de dinars, soit l'équivalent de 1,2% des recettes totales de l'Etat en 2011. «L'économie tunisienne pourrait réduire de manière considérable son déficit en matière énergétique, voire disposer d'un excédent significatif de gaz et de pétrole durant les années de production de pointe du projet». L'analyse de l'étude porte sur les perspectives dans deux régions de ressources potentielles, à savoir la région du Centre-Est et la région du Sud. Cette analyse est basée sur des forages d'exploration qui débuteraient en 2014 et dont les résultats seraient peu affectés en cas de retard. Trois scénarios de production modélisés ont été présentés, dont un scénario de base sans aucune prospection non conventionnelle, où l'on s'attend à un déficit de production important qui ne cesserait d'augmenter au fil du temps. Le deuxième scénario met en relief l'extraction efficace des ressources non conventionnelles, qui permettrait l'autonomie énergétique de la Tunisie, en particulier durant les années de pic de production (2020-2034). Dans le cas du troisième scénario, l'impact serait «transformateur», avec une production de pétrole et de gaz dépassant largement la demande intérieure au cours des années de pointe. Cela renforcerait considérablement la sécurité énergétique du pays et faciliterait une forte hausse des recettes d'exploration. Selon les projections actuelles, les réserves potentielles de liquides de schistes et de gaz de schiste pourraient être considérables par rapport aux réserves matures actuelles. Aussi, conformément aux trois scénarios d'exploitation relatifs aux différentes zones de ressources, l'étude estime que la production pourrait représenter de 65 à 260% des réserves pétrolières et gazières de la Tunisie à l'horizon du projet. Déficit énergétique en constante augmentation Compte tenu de la croissance attendue du PIB, la demande énergétique devrait progresser de façon constante à l'horizon du projet d'étude. Les prévisions de référence tablent sur une hausse de la demande totale en énergie primaire, moyennant une croissance annuelle de 2,7%, conjuguée aux projections de l'évolution des tendances de consommation par secteur (gaz et pétrole). En revanche, il semble peu probable que la production de pétrole et de gaz conventionnels progresse de manière proportionnelle à moyen terme. La production de gaz devrait augmenter à court terme d'ici 2016, avant de retomber, tandis que la production de pétrole devrait progressivement décliner au fur et à mesure de l'épuisement des réserves. Compte tenu de ces perspectives, la balance de la production de gaz et de pétrole devrait rester déficitaire jusqu'en 2020. Si la production continue à reposer uniquement sur des ressources conventionnelles, il est probable que la Tunisie sera de plus en plus dépendante des importations de gaz et de pétrole. En revanche, si les ressources de gaz et d'huile de schiste sont exploitées, elles pourraient modifier profondément cette situation, même si cela dépend en grande partie du nombre de zones qui attendront la phase d'exploitation. Les retombées macroéconomiques montrent que la hausse de production pourrait se traduire par d'autres avantages. Grâce à cette indépendance énergétique accrue, l'économie serait moins exposée aux fluctuations brutales du cours des matières premières qui ont contribué à la récente vague d'inflation continue. La réduction de la dépendance aux importations d'énergie doperait également la balance commerciale visible. C'est dire que les ressources non conventionnelles ont le potentiel d'avoir un effet «transformateur » sur le marché tunisien de l'énergie. Dans le troisième scénario, la production d'hydrocarbures est suffisante pour permettre à la Tunisie de dégager un excédent d'énergie important pendant les années de pic de production du projet. Un tel résultat aurait des avantages tangibles, notamment l'amélioration de la sécurité énergétique, rendant ainsi la Tunisie moins vulnérable aux chocs externes. De plus, l'activité de production devrait générer des retombées économiques importantes. Le modèle du cabinet international Oxford Economics suggère que, durant sa période de vie, le projet contribuera à augmenter la contribution du PIB tunisien de 13 à 52 milliards TND, le nombre des postes d'emploi de 278.000 à 1.112.000 et la contribution au trésor tunisien de 9,88 à 39,52 milliards de dinars tunisiens.