Entre janvier 1993 et mars 2012, plus de 16.000 personnes ont trouvé la mort aux frontières de l'Union européenne De temps en temps, des informations circulent au sujet de la mort en pleine mer de plusieurs jeunes qui ne voient d'autre recours pour assurer leur avenir que l'émigration clandestine. Ces jeunes concluent des accords, contre espèces sonnantes et trébuchantes, avec des passeurs, à l'insu de leurs parents. Souvent, ils ne vont pas très loin dans leur voyage et se noient en cours de route. Des fois, ils sont capturés par les gardes-côtes italiens pour être enfermés en attendant d'être refoulés vers leur pays. Rares sont ceux qui arrivent à passer les frontières pour travailler dans n'importe quel secteur. A leur arrivée, ils acceptent de dormir dans la rue ou dans les jardins publics, en attendant de trouver un lieu qui les abrite. Sans papiers, ils fuient la police du pays « hôte » et cherchent par tous les moyens à régulariser leur situation. Pire, certains jeunes basculent dans l'oisiveté, voire dans la délinquance, en commettant vols et autres actes répréhensibles. La nécessité de prendre les mesures idoines en vue de réduire le phénomène de l'émigration clandestine s'impose. Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes) lance, dans ce sens, un cri d'alarme. Aide publique au développement Il prône la mise en place d'une autre politique migratoire en Tunisie et en Méditerranée, tout en rappelant au passage les deux récents naufrages près des côtes italiennes des embarcations qui ont coûté la vie à près de 400 personnes. Les réactions des autorités et de la société civile ne se sont pas fait attendre. Même les représentants de la Commission européenne et des Etats membres de l'Union européenne ont appelé à une réforme de la politique migratoire. Le Forum estime que, «depuis plus de dix ans, la fermeture des voies d'accès légales au territoire européen a été accompagnée par la mise en place de mesures répressives visant à empêcher les migrants réfugiés et demandeurs d'asile d'accéder au sol européen». Les personnes souhaitant s'établir en Europe sont donc obligées de chercher des moyens détournés pour réaliser leur rêve. Les chiffres sont fort significatifs : entre janvier 1993 et mars 2012, plus de 16.000 personnes ont trouvé la mort aux frontières de l'Union européenne. Le Ftdes dénonce le renforcement des contrôles arbitraires, sans respect des droits des migrants et des demandeurs d'asile. Même la coopération avec les pays tiers en termes d'aide publique au développement repose sur le contrôle des flux migratoires. D'ailleurs, l'agence Frontex, qui a besoin de renforcer ses moyens, a été mise en place en 2005 pour contrôler les frontières extérieures. Au fur et à mesure que le budget de cette agence augmente, le nombre de morts en Méditerranée suit la même courbe ascendante. Les propositions formulées par le Ftdes dans ce sens mettent en évidence la nécessité d'agir en urgence et appellent les pays de l'UE, qui ont signé la Convention de Genève sur la protection des réfugiés, à honorer effectivement leur engagement par la délivrance de visas pour autoriser le maximum de personnes à voyager légalement et à éviter les drames en mer. D'autre part, il est nécessaire de revoir le rôle de l'agence Frontex qui n'apporte pas d'assistance à des personnes en danger et qui est considérée comme un instrument répressif. Le soutien aux pays du sud de la Méditerranée ne devrait pas se limiter au contrôle des flux migratoires, mais il peut s'étendre à une coopération d'égal à égal en appliquant des partenariats équitables au sujet de la circulation des personnes.