Bandes dessinées et dessins de presse racontent à leur manière l'histoire de l'Algérie. Le Cercle algérien de Tunis a organisé, mercredi soir, dans un espace privé de la Médina, une rencontre avec le bédéiste et dessinateur de presse algérien, Slim. Considéré comme le doyen des dessinateurs algériens, Slim a signé et signe encore par ses dessins son témoignage de 40 ans de l'histoire de son pays. Ses personnages fétiches ont d'ailleurs vu le jour très tôt, entre 1964 et 1967. Il s'agit de Bouzid, Zina (sa dulcinée) et le Gatt M'digouti (le chat dégouté) qui se rencontrent pour la première fois dans une BD en 1969, intitulée Zid ya Bouzid, nom par ailleurs donné au site Internet de l'artiste. Le succès que rencontrent les œuvres de Slim est tel qu'il accompagne plusieurs générations et porte la BD algérienne à un niveau international. Bouzid et les autres parlent, en effet, du quotidien de tous les Algériens et des grands événements qu'ils ont vécus (réforme agraire, élections, décennie noire, ...), avec l'humour en prime. En présence de Slim, la rencontre a commencé par la lecture de quelques extraits du livre Slim, le Gatt et moi du journaliste Omar Zelig, paru en 2009. Ensuite, un court-métrage réalisé la même année par le bédéiste et auteur Djilali Beskri a été projeté et a permis aux présents d'en connaître plus sur Slim ou de se remémorer le bon vieux temps ; des années marquées par des revues de bandes dessinées telles que M'Quidech ou El Manchar, qui ont toutes disparu et dont certains collaborateurs ont perdu la vie pendant la décennie noire. Le livre comme le film nous apprennent que la simplicité de ses dessins et la pertinence de ses textes ont fait le succès de Slim. A ses débuts, ses dessins de la dernière page ont longtemps égayé le journal gouvernemental « triste » El Moudjahid, jusqu'au jour où il quitte n'arrivant plus à supporter le poids de la censure. Aujourd'hui, il continue l'aventure, entre l'Algérie et la France, seul ou avec des dessinateurs de la nouvelle génération tels que Baki, qui collabore avec le journal algérien El Chourouk lui aussi présent à la rencontre. Tout au long de la soirée, Baki faisait des dessins pour commenter la rencontre avec Slim à Tunis. Des dessins que l'on faisait circuler parmi les invités. Ces derniers ont pu en fin de rencontre se procurer des posters ou BD de Slim qui ont été dédicacés par ses soins. Et avant de partir, le public a pu, par la même, découvrir l'exposition dédiée au bédéiste. Des dessins en noir et blanc ou en couleurs, mais avec un texte et un message toujours salés, sans se prendre au sérieux. Si seulement la vie pouvait ressembler à une bande dessinée...