Dans le cadre de la 1ère Session du Printemps du livre tunisien, la Galerie des Arts de Ben Arous organise actuellement une exposition de Bande Dessinée qui réunit plusieurs bédéistes et graphistes tunisiens, professionnels et amateurs. Chacun a disposé de plusieurs planches pour s'exprimer librement sans aucune limite ni tabou. L'exposition, qui se poursuit jusqu'au 20 mai, a accueilli pas mal de visiteurs, venus explorer l'expérience tunisienne dans le 9ème Art, qui reste pourtant quasi méconnu par le grand public, étant considéré comme étant un passe-temps destiné aux enfants, tout comme les contes et les histoires drôles. Or, il s'avère que cet art a ses maitres en Tunisie qui ont fait leur preuve dans ce domaine et se sont distingués depuis des années à travers leurs séries de BD, parues dans les revues et les journaux tunisiens et ont passé le flambeau à d'autres bédéistes plus jeunes qui, à leur tour, peuvent donner à cet art ses lettres de noblesse, en Tunisie. « L'exposition, nous annonça Taoufik Kouki, directeur de la Galerie, est une rencontre entre bédéistes de divers styles et sensibilités qui vise à rapprocher la BD du public et surtout de faire appel aux jeunes amateurs de cet art en leur permettant d'exposer leurs travaux en vue de les encourager et de les soutenir dans l'apport novateur et prometteur qu'ils fournissent à cet art… » Ont pris part à cette exposition, les dessinateurs et les graphistes suivants : Lilia Haloul, Nejib Chook, Anis Mahersi, Yosra Jouini, Chaher Mejri, Mouna Jouini, Hatem Bouzouita, Achraf Taïeb, Hamza Soltani, Zouhaier Gharbi, Rim Bouallègue et l'illustre caricaturiste Taoufik Kouki. Leurs travaux se distinguent par la diversité des styles artistiques et l'originalité des idées et des scènes transposées sur leurs planches. On note la présence pour la première fois de deux jeunes talents dans ce domaine, deux jeunes dessinateurs qui adoptent une démarche semblable au manga japonais, sans pour autant que les thèmes abordés soient violents ou effrayants. Il s'agit de Chaher Mejri et Achraf Taïeb qui passent pour être des maîtres de « l'art de l'encre », basé uniquement sur l'encre de Chine. Et ce n'est pas facile d'utiliser le noir et toutes ses nuances ! Anis Mahersi présente des planches empruntées à la fameuse série de BD « Arnoub », conçu depuis de longues années par Moncef Zeriat, l'un des célèbres bédéistes de Tunisie. Nous rencontrons aussi Nejib Chouk qui participe avec des extraits d'anciens travaux au thème politique. D'autres jeunes artistes brillent par leurs travaux où se mêlent humour, aventure, parodie, critique et caricature, à travers des thèmes courants, comme l'immigration clandestine, chez Mouna Jouini, le transport en commun chez Yosra Jouini et l'histoire des dinosaures chez Hatem Bouzouita. Quant aux travaux de Taoufik Kouki, ils comportent 36 planches, traitant chacune d'un phénomène social ou d'une scène quotidienne dans un style comique où la critique et la moralité sont de mise. Les textes accompagnant les dessins foisonnent de jeux de mots pleins d'humour et d'esprit. Ce qui saute aux yeux, c'est que l'artiste utilise les couleurs dans les bulles chaque fois qu'il veut attirer l'attention sur tel ou tel mot, au lieu de les écrire en caractères gras comme il est de coutume chez les bédéistes !