Ben Moussa pour des visites inopinées dans les prisons Le président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH), Abdessattar Ben Moussa, a souligné, hier, à l'ouverture des travaux du forum régional sur le contrôle des lieux de détention dans la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord), « la nécessité d'éradiquer la torture dans notre pays », jugeant inadmissible de justifier la persistance de la torture par le péril terroriste. Ben Moussa a souhaité la conclusion d'une convention entre la Ligue et le ministère de la Justice, pour permettre à l'organisation d'effectuer « des visites dans les prisons de façon inopinée et sans préavis», appelant le ministère de l'Intérieur «à autoriser la Ligue de visiter les lieux de garde à vue où des actes de torture pourraient se produire ». De son côté, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a insisté sur l'importance de renforcer les moyens d'investigation dont dispose la police technique pour éradiquer la torture. Il a, également, passé en revue les mesures prises par le ministère de l'Intérieur pour la protection des personnes privées de leur liberté. Il s'agit, notamment, de la suppression de la garde à vue au siège du ministère, la publication de circulaires exhortant les parties en charge de l'application des lois à préserver l'intégrité physique des suspects en détention et la rigueur dans les enquêtes sur d'éventuels cas de mauvais traitements en détention. Le ministre de la Justice, Nadhir Ben Ammou a, pour sa part, assuré que son ministère « ne manquera pas d'ouvrir les portes des prisons à toutes les contributions visant à réformer voire à développer le système carcéral ou de détention ». Il a, notamment, admis l'existence de plusieurs lacunes dans les institutions carcérales, au niveau des équipements et de l'infrastructure, notant que la réforme des prisons « est tributaire de la promotion de l'infrastructure et des conditions des agents des prisons et de rééducation ». Le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a, quant à lui, indiqué que l'opération de réforme est tributaire d'une Constitution garante des droits et des libertés, ainsi que de mesures pour le traitement des dossiers de torture dans le respect de la loi, loin de toute exploitation politique, outre l'organisation d'un dialogue national franc autour des affaires de torture ». Des délégations de plusieurs pays et organisations nationales et internationales prennent part à ce forum régional de quatre jours organisé à l'initiative de la Ltdh, du centre « Restart » de réhabilitation des victimes de violence et de torture et de l'organisation danoise « Dignity » de lutte contre la torture.