Dans le prolongement de l'échange, du dialogue et de la concertation sur les questions d'actualité intéressant l'avenir du pays, le chef du gouvernement, M. Ali Laârayedh, s'est entretenu, hier après-midi à la Kasbah, avec la présidente de l'Association des magistrats tunisiens (AMT), Mme Kalthoum Kannou, et le président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (Ltdh), Me Abdessattar Ben Moussa. Suite à cette rencontre qualifiée de réussie et marquée par un débat franc et constructif, Mme Kannou a déclaré avoir passé en revue les différentes questions professionnelles qui préoccupent le corps des magistrats tunisiens. Evoquant la haute instance de l'ordre judiciaire dont le projet de loi a été récemment adopté, elle a révélé que sa constitution sera, bientôt, annoncée. Et d'ajouter que les préparatifs sont déjà en cours pour procéder, de façon imminente, à l'ouverture des candidatures pour l'élection de ses membres. «Au terme de nos communications téléphoniques avec les membres du bureau de la Constituante, ils nous ont affirmé que le choix du lieu et la convocation à la réunion du comité d'élection seront décidés dans les heures à venir». Il a été aussi question du dossier des juges révoqués dont le nombre est actuellement de 72, après avoir réglé auparavant la situation de neuf juges. L'AMT a insisté sur l'impératif de revenir sur cette décision injuste, exprimant son refus catégorique d'adopter une telle manière de jugement. «Nous campons encore sur notre position déjà déclarée, en rejetant ce mécanisme qui ne relève point de la logique de la réforme judiciaire qu'on veut engager». Et de poursuivre, «nous avons, plutôt, proposé au chef du gouvernement de repenser cette décision et remettre les dossiers des juges révoqués devant la nouvelle instance de la justice judiciaire pour avis». Une proposition, à l'en croire, considérée comme étant possible, pratique et légale, dans l'objectif de leur garantir une justice équitable. Idem pour les prestations sanitaires fournies aux magistrats tunisiens et leurs familles. A ce sujet, l'AMT a manifesté son attachement à ce que les magistrats et leurs familles puissent trouver accès à l'Hôpital militaire pour bénéficier des soins médicaux nécessaires. Une demande qui a trouvé une réponse favorable auprès de M. Laârayedh, affirmant qu'il va prendre ce dossier au sérieux. En attendant que cette prestation puisse aussi couvrir leurs familles. L'état constitutionnel du pouvoir judiciaire, à la lumière de la dernière mouture du projet de constitution concernant les lacunes à pallier pour garantir l'indépendance judiciaire et la sécurité au sein des tribunaux ont été également évoqués. Ayant positivement réagi à ce dernier point évoqué, le chef du gouvernement, selon la présidente de l'AMT, prévoit de mettre en place un plan d'action visant la sécurité des tribunaux et la protection des juges. De son côté, Me Abedessattar Ben Moussa, président de la Ltdh, dont l'entretien avec M. Laârayedh a permis de mettre la lumière sur la situation générale par laquelle passe le pays, notamment le climat de sécurité et le phénomène du terrorisme régnant. Au moment où l'on se prépare à tenir un congrès sur la lutte contre la violence politique. «On a aussi évoqué la neutralité de l'administration, des établissements éducatifs et des mosquées de la propagande politicienne...». Et Me Ben Moussa d'ajouter qu'il a insisté sur la nécessité de faire participer la ligue en tant que partie intégrante de la société civile et en tant que force de proposition. «Il faut considérer la ligue comme un vrai partenaire qu'on aurait dû consulter pour prendre son avis dans les différentes questions d'intérêt général, en l'occurrence les libertés et les droits de l'Homme», a-t-il encore indiqué, soulignant l'importance d'établir des relations institutionnelles avec tous les ministères et les organismes publics. La visite des prisons et lieux de détention préventive a été aussi au menu. «Cela semble de mise, à l'heure où certaines pratiques inhumaines telles que la torture et la maltraitance continuent de proliférer dans nos institutions carcérales», a-t-il déploré. Pour finir, le président de la Ltdh a prôné l'implication de la société civile pour l'intérêt supérieur du pays et afin qu'on puisse parvenir à un large consensus autour de la Constitution que l'on souhaite être celle de tous les Tunisiens. «Le chef du gouvernement a manifesté sa compréhension et son attachement à aller jusqu'au bout», a-t-il conclu. Notons, finalement, que la rencontre s'est déroulée en présence du ministre de la Justice et du ministre conseiller auprès du chef du gouvernement.