Une baisse de niveau et une criante confusion entre le reportage et le documentaire La troisième édition des journées du documentaire de Douz a été clôturée avant-hier, par la remise des prix. S'inscrivant dans un choix de consacrer l'édition à des films portant sur le Sud et le désert, le programme de cette 3e édition a inclus, outre la compétition de courts et de longs-métrages, un atelier intitulé «Les enfants de Douz filment leur environnement», un ciné-concert sur le film La danse du vent de Taïeb Louhichi et une soirée spéciale pour Le dernier Mirage de Nidhal Chatta. En ce qui concerne la compétition, une baisse de niveau par rapport à l'édition précédente est à noter. La mémoire du Sud de la Tunisie et les thèmes qui s'y rattachent sont un exercice peu commode pour les cinéastes, pour la plupart, en herbe. Ces derniers peinent à capter une émotion ou à exprimer un point de vue à travers l'image, dans une criante confusion entre le reportage et le documentaire. Beaucoup de films en lice s'attaquent à des sujets importants et sensibles, comme l'héritage des Amazighes et des esclaves en Tunisie, sans donner l'impression d'avoir assez cherché ou d'avoir au moins trouvé un fil conducteur pour leur œuvre. La légèreté de la caméra semble avoir induit certains réalisateurs en erreur en prenant leur sujet avec indifférence et cela se voit dans le traitement, dans le montage et dans la qualité de l'image. D'autre part, on ne peut que saluer et encourager l'augmentation du nombre de jeunes qui désirent s'exprimer par l'image sur le thème de la mémoire. Encore faut-il maîtriser l'outil et le langage cinématographiques pour avoir un propos, savoir le traduire en un regard et le mettre en boîte, dans les normes et la qualité exigées par n'importe quel festival compétitif. En ce qui concerne les Douz Doc Days, le palmarès a été sauvé grâce aux rares films d'un niveau respectable. Le jury (composé de Hussain Currimboy, Jasmin Basic, Vincent Martorana et Sonia Giardina) a précisé avoir été sensible à trois thématiques qui parcourent l'ensemble des films présentés, à savoir résistance, identité et dignité. Dans les films primés, les membres du jury ont apprécié l'humanité qui s'en dégage, la maîtrise technique et l'approche du sujet. Nous reviendrons plus amplement sur la soirée de clôture et sur le déroulement du festival. Palmarès : Dromad'Or de la catégorie longs et moyens métrages : Emirs au pays des merveilles de Ahmed Jlassi Prix spécial du Jury de la catégorie longs et moyens métrages : Contra de Lasaâd Hajji Dromad'Or de la catégorie courts-métrages : Ennajah de Chiraz Bouzidi Prix spécial du Jury de la catégorie courts-métrages : Le fil et le mur de Sarra Ben Achour Mention spéciale : Made in Gougou de Latifa Doghri