Après les magistrats, les avocats débrayeront demain Le Conseil de l'ordre des avocats a appelé, dans un communiqué rendu public hier, tous ses collègues à une grève générale durant toute la journée de demain, dans tous les tribunaux de la République. Contacté par La Presse, Mohamed Fadhel Mahfoudh, bâtonnier du Conseil de l'Ordre des avocats, confirme : «La grève a été décidée, hier, dans une réunion tenue d'urgence suite aux agressions répétées à l'encontre des avocats, à la transgression des dispositions relatives à leur immunité et face à l'absence de toutes mesures urgentes afin de délimiter les responsabilités et d'engager les poursuites contre toute personne impliquée et toute personne dont la responsabilité a été prouvée». Me Ameur Meherzi, président de la section régionale des avocats de Tunis, révèle de son côté que «la goutte qui a fait déborder le vase est la détention abusive de notre collègue Slaheddine Hajri durant quatre jours au poste de police de Bouchoucha : «Me Hajri a été arrêté par la police du commissariat de La Goulette et du district de Carthage et détenu au poste de Bouchoucha durant trois nuits sans prise en compte de sa qualité d'avocat. Son dossier est passé devant le procureur de la République sans que ne soit mentionnée sa profession. Ce qui constitue une flagrante violation des articles 46 et 47 du décret-loi réglementant la profession d'avocat». Or, explique Mohamed Fadhel Mahfoudh : «Les articles 46 et 47 sont clairs, car ils stipulent que le procureur général et le président de la section régionale compétente de l'Ordre des avocats doivent être obligatoirement et immédiatement avisés. Et si le procureur général considère que l'avocat a commis une infraction, il le défère devant le juge d'instruction qui doit procéder à son interrogatoire en présence du président de la section régionale compétente. Mais toutes ces procédures n'ont pas été respectées malgré les documents, soit la carte d'identité nationale et la carte professionnelle, saisis sur notre collègue par la police et faisant état de son statut d'avocat». Me Ameur Meherzi relate d'autres exactions à l'encontre des avocats parmis lesquelles celle dont a été victime Me Lotfi Lejri qui, malgré la possession d'une autorisation légale de construction, a été dans l‘obligation d'arrêter, il y a trois jours, les travaux suite à une décision abusive et a vu son bureau perquisionné par la police en totale transgression de la loi. «Graves dépassements répétés» Voilà qui a visiblement exacerbé les tensions chez les avocats, d'autant qu'ils considèrent que rien n'a été fait pour sanctionner ou mettre fin à «ces graves dépassements», selon eux. Ce que confirme le bâtonnier de lOrdre des avocats : «Nous avons demandé au procureur général et au ministre de l'Intérieur d'arrêter ces atteintes illégales à l'encontre de la profession. En vain. Rien de concret n'a été fait, du moins jusqu'ici. Aucune poursuite disciplinaire ou judiciaire n'a été effectuée contre les auteurs de ces dépassements. D'où la décision de cette grève générale. D'autant que nous avons constaté qu'il ne s'agit pas d'un acte isolé et que les agressions continuent bien que nous ayons attiré l'attention des autorités et responsables sur ces dépassements dangereux. Les commissaires de police et les responsables de districts de la police doivent être informés de la loi, s'y conformer et agir en conséquence. Certes, l'avocat est un citoyen comme un autre et n'est pas au-dessus de la loi mais en tant que partie prenante du système judiciaire, il jouit d'une certaine immunité tel que stipulé dans les articles 46 et 47 du décret-loi 2011-79». Fin de citation. Ainsi suite à ces agressions, le Conseil de l'Ordre des avocats a-t-il décidé d'effectuer le suivi des procédures concernant la poursuite des responsables des dépassements et transgressions de la loi, tout en réitérant son attachement à continuer de militer en faveur de la protection et de la défense de la profession ainsi que sa dignité avec tous les moyens efficaces dont il dispose. Le président de la section régionale des avocats de Tunis conclut: «Cette grève est une première action qui sera suivie d'autres, comme augmenter la durée de la grève, par exemple, si des dispositions nécessaires ne sont pas prises par les autorités et les responsables concernés».