« L'Isie doit rendre effectif l'exercice du droit de vote des détenus en attente de jugement », préconise un collectif d'associations Analphabètes, personnes handicapées ou hospitalisées, habitants des régions reculées, ou même... détenus en attente d'un jugement : tous doivent pouvoir bénéficier du droit universel de vote. Du moins, c'est l'un des points qui ont fait débat hier, à l'occasion de la discussion des 75 recommandations électorales formulées par un collectif de 7 associations (voir notre édition d'hier), dont la majorité ont déjà travaillé sur les élections de l'Assemblée nationale constituante en octobre 2011. Le projet recommande ainsi que les citoyens analphabètes aient les moyens de voter « en respectant le droit au secret du vote ». « L'Isie doit garantir le caractère effectif de l'universalité du droit de vote en prenant les dispositions adéquates pour les analphabètes (y compris la préparation de supports de vulgarisation appropriés, permettant un exercice éclairé, et donc réellement libre, de leur droit de vote) et les personnes handicapées ou hospitalisées », indique la 37ème proposition du collectif. Evoqué plus loin dans le texte, l'appel à un « droit de vote aux détenus en attente de jugement » a suscité la perplexité de Samir Ben Amor, député CPR, qui estime que cette opération pourrait engendrer des problémes d'ordre technique. « Comment pourrait-on arrêter définitivement la liste des détenus habilités à voter ? Il se peut que, entre-temps, le tribunal prononce un jugement définitif. D'un autre côté, un détenu peut être transféré d'une prison à une autre à n'importe quel moment. Et puis, installera-t-on des bureaux de vote à l'intérieur des établissements pénitentiaires? Les candidats vont-ils faire campagne dans les prisons ? », s'est demandé le député. Ils marquent donc des points et ouvrent des brèches. «Ils», c'est l'Association tunisienne de droit constitutionnel (Atdc), l'Association tunisienne pour l'intégrité et la démocratie des élections (Atide), l'organisation «I Watch», l'association «Jeunesse sans frontières», la Ligue des élections tunisiennes (Let), l'Observatoire Chahed, le réseau Mourakiboun et la coalition «Ofiya» pour l'observation de l'intégrité des élections. Ces associations anticipent ainsi le travail de l'Assemblée nationale constituante, relatif à la loi électorale, et formulent une série de recommandations (dont certaines sont progressistes), jugées « positives » par l'ensemble des députés présent lors de leur présentation.