Les forces algériennes ont abattu, récemment, cinq terroristes en provenance du Jebel Chaâmbi. La coopération tuniso-algérienne en matière de lutte contre le terrorisme doit continuer sur cette lancée Les forces de sécurité algériennes, soutenues par une couverture aérienne de l'armée, ont réussi, récemment, à abattre cinq terroristes (de différentes nationalités) qui tentaient de violer la frontière du pays. Renseignements pris, ces derniers, selon les aveux de leurs trois complices, arrêtés au cours du même coup de filet, venaient de...Jebel Chaâmbi où ils avaient élu domicile, depuis le mois d'avril passé, avec leurs compagnons à la solde du groupe sanguinaire «Okba Ibn Nefaâ». Bien avant ce raid, les Algériens avaient procédé à l'arrestation d'une dizaine de jihadistes venus de Tunisie et tué onze de leurs camarades, et ce, tout le long des frontières séparant les deux pays et où sévit encore un grand nombre (non encore recensé) de groupuscules à la solde d'Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique). Celui-ci, mené par le tout-puissant Abdelmalek Droukdel, chapeaute, comme on le sait, plusieurs réseaux dans la région dirigés par des émirs de différentes nationalités dont les plus tristement célèbres sont Abou Bakr Al-Mali, Ahmed Abou Abdallah Al-Jijeli, Yahia Abou Hemmam, Aboul Al-Walid Touhami et Mokhtar Belmokhtar, plus connu en Occident sous le surnom «le borgne». Le plus algérien L'on sait aussi que le QG d'Aqmi se trouve quelque part en Algérie et qu'il a été monté, depuis les années 1990, par le créateur et homme fort d'Al Qaïda dans le monde, Oussama Ben Laden. Or, le problème est que, 15 ans après la fin de la guerre civile qui y a fait pas moins de 200.000 tués, l'Algérie est, de nouveau, confrontée à la menace terroriste, avec le réveil des cellules dormantes dont les ramifications touchent désormais les pays voisins (Tunisie, Libye, Niger et Maroc). C'est pourquoi les Algériens ont fait de la coopération avec la Tunisie (en attendant le reste des pays cités) un passage obligé et une condition sine qua non pour relever les défis terroristes. Ce qui est encore plus réconfortant et prometteur, c'est que cette coopération a pris, ces jours-ci, un coup de fouillet, révèlent des médias algériens, et ce, avec notamment : 1 - Le renforcement de la présence militaro-policière le long des frontières avec la Tunisie, le nombre de soldats ayant presque triplé (6.500 contre 2.200 précédemment). 2 - L'intensification des contacts du chef d'état major des armées algériennes, Kaïd Salah, avec son homologue tunisien. 3 - La fréquence des réunions mixtes entre les directeurs généraux de la sûreté des deux pays. 4 - La décision, une première sécuritaire en Algérie, de charger le patron des forces de la Garde nationale (Al-Dark Watani), le général Ahmed Boustila, de diriger, en personne et sur le terrain, les opérations de contrôle et d'attaque le long des frontières tuniso-algériennes. 5 - L'organisation de descentes policières et militaires mixtes dans les régions montagneuses séparant les deux pays. 6 - L'intensification des échanges de renseignements et de détenus avec la Tunisie, tout en exploitant, des deux côtés, les informations sans cesse distillées par les services de renseignements occidentaux. 7 - L'autorisation de l'usage d'avions bombardiers en cas de nécessité. 8 - Le renforcement des effectifs des spécialistes en déminage, étant donné que les terroristes sont connus pour leur étonnante capacité en matière de fabrication d'explosifs, le patron d'Aqmi, Abdelmalek Droukdel, ayant été le premier expert d'Al Qaïda dans ce domaine en Afghanistan. Quid du déficit libyen ? Cependant, si cette coopération marche, pour le moment, comme sur des roulettes, il n'en demeure pas moins vrai qu'elle souffre d'un déficit sécuritaire engendré par la perméabilité persistante des frontières libyennes. Celles-ci, longues de plus de 4.000 kilomètres avec six pays dont justement la Tunisie et l'Algérie, sont transformées, depuis la chute de Gueddafi, en une véritable passoire, au grand bonheur des terroristes. Et c'est bien ce déficit qu'il va falloir absolument éponger.